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Critique de Henri-l-oiseleur


Le chapitre du livre I des Essais, que Montaigne consacre à l'amitié, aurait dû servir de préface aux écrits d'Etienne de la Boétie, ami de l'auteur, mort trop jeune. Montaigne projetait donc de placer au centre de son livre le livre d'un autre, à savoir "Le discours de la servitude volontaire". Il en fut empêché parce que des éditeurs genevois du parti protestant publièrent l'écrit de la Boétie avant lui, et il est probable qu'il ne voulut pas paraître leur donner raison en pleine guerre civile. Il se décida alors à publier, après "De l'amitié", vingt-neuf poèmes d'amour de son ami, dédiés à une dame. Mais quand Montaigne mourut à son tour, travaillant encore à son livre, son éditrice et héritière intellectuelle, Marie de Gournay, trouva les sonnets de la Boétie biffés dans l'édition finale que Montaigne préparait et qu'elle publia en 1595.
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"De l'amitié" est donc une préface aux écrits absents de la Boétie, et un hommage de l'auteur à son ami mort trop tôt. On n'y trouvera pas le détail, ni le récit, du peu de temps que dura l'amitié des deux hommes : Montaigne, dans ses Essais, n'a aucune intention autobiographique et les rares fois où il parle de lui-même, c'est à titre d'exemple parmi d'autres de la parfaite amitié qu'il se sent favorisé d'avoir vécue. C'est donc parmi d'autres exemples d'amitiés tirés des Anciens que l'on trouvera le témoignage personnel de l'auteur, ce qui n'empêche pas ces pages de vibrer d'une profonde émotion, d'autant plus belle qu'elle est mieux retenue. Mais le but est de définir la parfaite amitié en s'appuyant sur l'expérience personnelle de l'auteur et sur ses lectures : c'est la méthode même de l'essai.
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C'est à la politique qu'il faut revenir pour aborder correctement ce chapitre : Aristote, de toute son autorité, nous enseigne que rien n'est plus dangereux pour un état tyrannique, que l'amitié véritable de deux hommes. En effet, deux vrais amis se font absolument confiance, alors que le tyran appuie son pouvoir sur la peur et la méfiance que chacun a pour son prochain. La véritable amitié que forgent deux citoyens est donc le premier pas vers la liberté.
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