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Critique de Melphiles


New York, 1919. Un journal local, le Herald, sous la houlette de son patron Mr. Posey, se remet en question. La rédaction veut du percutant pour attirer à nouveau les lecteurs et ne pas passer pour des écrivains de halls de gare.Vient l'idée d'enquêter sur des légendes urbaines et plus particulièrement sur un recueil de Robert Chambers : le Roi en Jaune, inspiré d'un autre livre à scandale, entouré de morts et de mystères : Sous le Monde de Guillot. Un des journalistes de l'équipe éditoriale, Robert Black, jeune homme instruit et romancier à ses heures, décide à ce titre de rendre visite au Dr Alvarez, dont il connaît vaguement la réputation pour avoir écrit un article au sujet du Roi en Jaune. le médecin que Black rencontre vit seul avec sa servante et maîtresse dans un appartement réfrigéré par un système de refroidissement assez étrange. Lors de leur échange, Alvarez mentionne « Le Livre de la Sagesse des Étoiles », qui se dit « Kitab al Hikmah al Najmiyya » en Arabe, sa version originelle, dont un certain Robert Suydam possède une copie. C'est à partir de l'évocation de ce vieux tome d'alchimie et de ses théories sur le prolongement de la vie, que le journaliste va trouver l'inspecteur de police Thomas Malone, un bel homme fervent lecteur de livres occultes, qui lui indique la personne de Suydam au moment où ce dernier se recueille sur la tombe d'un cimetière. Pour la suite de son enquête, Robert Black quitte New York pour la Nouvelle Angleterre et pour Providence, son désir d'enquêter pour son futur roman étant plus fort que tout.
Mélange de rêves plus ou moins prémonitoires et d'hallucinations, Providence est une histoire captivante qui se met en place lentement, dans un contexte de prohibition avec la montée du nazisme et une nouvelle guerre qui s'annonce. C'est d'avantage un roman graphique qu'un comics ou une BD, rythmé par des pages superbement illustrées, dans lesquelles s'insèrent parallèlement la tenue d'un journal intime, des extraits et un descriptif historique du « Livre de la Sagesse des Étoiles », ou encore un bulletin paroissial. le héros Robert Black se perd, et nous lecteur aussi, entre états conscients et inconscients, ne sachant plus discerner le vrai du faux, au point qu'il met en doute dans son recueil de pensées sa santé mentale.
En talentueux et grand érudit, Alan Moore n'hésite pas, dans cette oeuvre très dense, à évoquer ses références : Edgar Allan Poe, Robert Chambers, Oscar Wilde, Bram Stoker, et bien d'autres encore en littérature, Carl Gustav Jung et Sigmund Freud en psychologie, Gustave Moreau, Jheronimus Bosh et Goya, entre autres, en peinture. Il nous propose, en fervent admirateur, une nouvelle vision de l'oeuvre de Howard Phillips Lovecraft dont il s'inspire fortement. L'écriture du scénariste est toujours aussi magnifique dans ce récit fantastique, lugubre, frisant parfois le malsain.
La lecture de Providence est ardue. Les passages du carnet intime de Robert Black sont longs et il faut s'accrocher, mais on se délecte dans l'attente de la chute de ce thriller palpitant dans lequel le héros passe par des états tour à tour de rêve, de paranoïa, de folie ou de délires. C'est formidablement imaginé et délicieusement angoissant. Providence nous donne à réfléchir sur le pouvoir magique ou prémonitoire des livres, et plus particulièrement ceux de Lovecraft, l'impact qu'ils peuvent avoir sur les lecteurs ou la réalité. Dans cet ouvrage, Alan Moore réussi avec son génie, à faire se côtoyer esthétique littéraire et horreur.
Lien : https://artpunkrock.wordpres..
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