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Critique de Totophe17


L'histoire débute sur une petite île bretonne. Tous les hommes en âge de porter les armes sont mobilisés pour la Première Guerre mondiale. Ils sont persuadés de partir pour quelques semaines seulement. Il ne va plus rester sur l'île que les femmes, les enfants, les vieux et ... Maël. Maël est un jeune handicapé par un pied bot qui ne peut combattre pour son pays.

Le maire doit organiser la vie sur l'île : la soeur qui fait l'école aux filles s'occupera aussi de quelques garçons (revenant ainsi sur la loi de 1905 de séparation de l'Église et de l'État, pour la garde champêtre, aucun pb car c'est une femme. Il pense à Maël pour être le facteur : il sait faire du vélo (il en possède un) et il sait lire. Il faudra convaincre son père qui n'est pas facile et qui fait trimer son fils.

Maël adore sa nouvelle fonction. Il se pique au jeu et découvre peu à peu les échanges entre les femmes. Il lit les cartes qui arrivent mais très vite se rend compte qu'elle sont édulcorées et ne contiennent que peu d'informations. Alors Maël va s'attaquer aux lettres mais dans le but de protéger les femmes, afin de leur éviter de mauvaises nouvelles et pour les protéger.

Maël sait lire ce qui n'st pas le cas de toutes les femmes de son île. Certaines lui demandent de lire leur courrier et Maël va s'adapter en fonction des situations. Il va même passer à l'écriture.

Est-ce un faussaire ? Est-ce un être malveillant ? C'est juste quelqu'un qui cherche la reconnaissance chez les autres et qui veut que les femmes soient heureuses.

Peu à peu le regard des iliennes sur le seul homme présent change. Elles le trouvent instruit, drôle et finalement pas si laid que cela. L'absence des hommes se fait sentir et Maël se sent attiré.

Les auteurs nous retracent les difficultés de l'isolement et de l'absence d'hommes. Maël apporte à ces femmes la tendresse qui leur manque, il les regarde comme des femmes et apporte sa candeur et sa douceur. Les premières vont lui faire profiter de leur expérience et vont le "former".

Maël va devenir un redoutable "chasseur" et ses conquêtes seront nombreuses. D'initié, il deviendra initiateur. Mais il fera en sorte de ne pas se trahir et de faire en sorte que les femmes conquises ne soient pas au courant de la présence de Maël auprès des autres. Pour ces femmes, si elles ont besoin de tendresse, elles ont aussi besoin de secret. Ce sont des choses que l'on cache.

Le scénario de Didier Quella-Guyot est limpide et la fin en surprendre plus d'unes ou plus d'uns. J'ai beaucoup apprécié les insertions d'extraits de lettres de poilus à leurs femmes mais aussi les réflexions ou les réponses de Maël. J'ai adoré le graphisme et les couleurs de Sébastien Morice. que ce soit les paysages de l'île, les vues des ports, les scènes intérieures, j'ai adoré la finesse du trait et la subtilité des couleurs. La variété, la diversité des angles choisi favorisent la lecture et attire l'oeil du lecteur. Les jeux d'ombre et de lumière sont très intéressants et nous plonge dans les paysages bretons dont Sébastien Morice a su rendre la diversité de la palette des couleurs.

J'ai aimé la délicatesse des scènes intimes. Il n'y a aucune vulgarité, aucun voyeurisme, juste du respect pour ces corps qui se découvrent avec beaucoup de tendresse.

Les deux auteurs se sont penchés sur les dommages collatéraux de la guerre. Mais la guerre ne dure pas toujours. Comment va se passer le retours des hommes ? Comment ses femmes vont-elles pouvoir retourner dans la vie d'avant ? Comment vont-elles accepter d'oublier ?

Ce choix des auteurs de montrer la vie à l'arrière loin du front, la vie des femmes et leur rôle dans cette guerre est intéressant. Ils ont pris un angle un peu tendancieux mais le résultat est pour moi lumineux. C'était ma seconde rencontre avec le duo Quella-Guyot / Morice après "L'île aux remords" et le résultat me plait toujours autant.





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