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Critique de elcd


Un court recueil de 8 nouvelles dont l'une, "Trois jours", la plus longue (et la plus réussie pour moi), donne son titre au livre. Si l'on devait chercher un thème récurrent (en s'aidant de la postface de Michel Wolvovitch le talentueux et historique traducteur de Markaris), ce serait le thème de l'autre, le réfugié, qui cristallise tant de rejet sinon de haine, hier comme aujourd'hui.
Petros Markaris est né en Turquie, il fait partie des communautés grecque et arménienne qui sont parties tardivement de la Turquie indépendante tout en ayant intégré une partie de la culture turque, ne serait-ce que la langue. Installées en Grèce dans les années 1960, elles ne se sentaient pas forcément acceptées et à l'unisson de la culture des natifs De Grèce.
Cela m'a rappelé la situation des Français d'Algérie, des communautés installées depuis des générations à partir de 1830 sur cette terre d'Afrique et qui quittèrent, pour la plupart dans la douleur, au moment de l'indépendance de l'Algérie. Pour la plupart il gardèrent la nostalgie de la terre natale. Avec la différence cependant que les Grecs vécurent en tant que minorité dominée dans l'Empire ottoman puis dans la Turquie kémaliste et qu'il n'y eut pas de guerre de décolonisation. Pour autant les tensions existaient et culminaient en étant instrumentalisées au gré d'événements géopolitiques comme celui (méconnu de nous) de la prise de pouvoir par des nationalistes grecs à Chypre en 1955.
Le parallèle peut aussi être fait avec les communautés juives séfarades dans les pays musulmans, du Maroc à l'Iran, qui sans être chassées, subirent les tensions liées au conflit entre Israël, les Palestiniens et les pays arabes.
De tout cela se fait l'écho la nouvelle éponyme, peut-être la plus personnelle de l'auteur, avec la finesse dans la description de la complexité des relations interpersonnelles qui caractérisent les périodes de conflits telles qu'elles sont vécues par les acteurs. Ainsi, l'auteur parle-t-il avec humanité et empathie d'un commissaire turc, d'un Grec atrabilaire, d'un gardien hypocrite et vénal, de turcs agresseurs et agressifs mais honteux de ce qu'ils ont fait le lendemain.
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