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Critique de Hedrankopaline


Au début, je croyais que ce serait un coup de coeur.

L'inversion de l'Histoire m'a vraiment séduite et c'est un plaisir de la voir aussi brillamment exécutée. L'idée est géniale ( même si déjà traitée ) et Lorris Murail a pensé à tout. Son uchronie est vraiment bien menée, très riche en petits détails bien trouvés pour planter le décors de cet univers parallèle où les Blancs sont devenus les esclaves des Noirs. Mais plusieurs choses m'ont gênée.
Bon, premièrement, mon quatrième de couverture qui est celui de l'édition de poche, nous vend l'histoire comme étant le récit d'une blanchette qui trime dur dans les plantations... Je ne sais pas s'ils ont lu le livre, car le labeur quotidien De Mari, le personnage principal, c'est d'être la souffre-douleur de Lisha, la gamine impossible de ses maîtres. Alors, c'est vrai que Mari vient s'y promener, dans les plantations, mais c'est une petite visite de courtoisie, pas de quoi se casser le dos les pieds dans l'eau. du coup, je ne m'attendais pas à entamer le livre avec une esclave de compagnie. Ce qui ne l'empêche pas d'être le jouet du peuple dominant bien que privilégiée en apparence.
Mari, parlons-en. La jeune adolescente n'est qu'un petit bouchon ballottée par les événements, qui est, dans son malheur, définitivement née sous une bonne étoile. Elle est très belle et très chanceuse. Cette bonne étoile la mènera au bout de ses aventures jusqu'au Septentrion, notre Europe dévastée par la Peste où ne subsiste que des tribus sauvages. Mari m'a parfois posé problème. Pas parce que Mari, elle, elle est spéciale, elle a un Destin. Non, c'est sa psychologie qui m'a parfois laissé dubitative et je n'arrive pas à déterminer si elle est bien faite ou mal faite.
Ambivalence parfaitement résumée dans le passage avec Lisimba Tam qui d'entrée de jeu se livre à des attouchements sur elle et qui par la suite ne cessera de la harceler sous des dehors sympathiques : Comment Mari peut-elle en arriver à se laisser faire mollement, surtout à ce moment précis ? J'ai été stupéfiée par son manque de réaction alors qu'elle vient d'être vendue, nue, comme du bétail, exposée dans son intimité et vulnérable ? Je n'arrive tout bonnement pas à le concevoir car Mari a prouvé plus tôt qu'elle était capable de s'indigner de sa condition, de la refuser avec violence et qu'elle a déjà été (im)pertinente à d'autres occasions. Ça me paraît aberrant que Mari se laisse tripoter pour écouter une histoire sur son pays, et pire, qu'elle soit positivement troublée. Je veux dire... C'est pas comme si Lisimba était un Don Juan habile. Il se présente d'emblée comme un petit collectionneur de beautés blanches et faciles. Pas de quoi être flattée, c'est la mode en Afirik. Collectionner les Blancs. La petite blondinette en sait pourtant quelque chose. Enfin, je digresse. Tout ça pour dire que je ne lui ai pas vraiment trouvé de logique viable, à cette fille, même en prenant en compte les stigmates de sa condition d'esclave issue d'un peuple sans cesse rabaissé. J'attends de voir comment Mari va évoluer dans le tome 2. Dans tous les cas, la galerie de personnages qui gravite autour d'elle est vraiment sympa et ils ont tous leur charme, leur profondeur.
Troisièmement, le récit s'essouffle à certains moments, marque une longue pause avant de repartir. La route est trop longue jusqu'au dénouement et pas toujours très passionnante. Je ne peux nier qu'il y a une patte, une ambiance ! Et c'est pourquoi je serai contente d'attaquer la suite avec La ballade du continent perdu.

Ce n'est peut-être pas un coup de coeur mais une très bonne découverte que ce roman qui offre une autre perspective pour mieux mettre en évidence la façon dont se construisent les préjugés et l'illégitimité de l'aliénation du plus faible par le plus fort, dont l'esclavage est un symptôme.
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