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Critique de LeLecteurAugmente


Le roman que je m'apprête à vous chroniquer m'a foutu une claque la première fois que je l'ai lu. En le relisant pour les besoins de la chroniques, il m'a tordu l'estomac. Est-ce qu'il convient réellement de parler de roman plutôt que de documentaire : je me pose la question.
Soyons-franc : il ne se passe rien, dans ce roman. Décidément… A croire que je ne fais que de lire des romans chiants ! A croire que je m'en fais une passion. Cela dit, je suis très mauvaise langue parce que l'Horloge de l'Apocalypse est loin d'être chiant. Et il se passe beaucoup de choses, dont, je vous le donne en mille, une apocalypse. Norma, dix-neuf ans, fuit. Elle se réfugie au fin fond de l'Arizona avec sa nièce, Liz, de 11 ans sa cadette. Norma se trouve un boulot dans le diner du coin, et écoute une étrange émission de radio animée par un certain O.T., qui prêche l'anti-trumpisme et la sixième extinction de masse.
L'Arizona, c'est cet Etat du sud coincé entre la Californie à l'ouest, l'Utah au nord, le Nouveau-Mexique à l'est et le Mexique au sud. Il y fait chaud, y a pas mal de rednecks – peut-être pas autant qu'au Texas ou dans le Mississippi – et le racisme est une religion à part entière. Ce que je dis là sont évidemment des généralités ; je ne voudrais pas me mettre à dos les amoureuses et amoureux de la culture américaine, dont je fais partie (la littérature nord-américaine est l'une des plus géniale et plus belle, qu'elle soit classique ou contemporaine). Et Lorris Murail extrapole – même s'il prétend à peine déformer la réalité des choses. Parce que oui, j'ai interviewé le monsieur, à l'occasion de la sortie du roman, pour le compte des librairies Sorcières dont je faisais partie.
Certains romans rapportent davantage une ambiance qu'un récit, et celui-là en fait partie. Norma est confrontée à toute une flopée de personnages dont elle ne sait jamais s'ils sont sympathiques ou douteux. Les autorités, comme le deputy (un terme intraduisible en français), font preuve d'un fatalisme assez hallucinant face au racisme et au climatoscepticisme des habitants du coin. Quand Norma arrive d'ailleurs en Arizona, on lui demande de ne pas trop faire de vague, parce que ça pourrait bien se retourner contre elle. le tout ressemble à un tableau halluciné d'une société dans laquelle le capitalisme le plus radical est une profession de foi plutôt qu'une idéologie arriérée.
Et vous allez me dire : pourquoi un tel titre ? Eh bien parce qu'il y a tout un parallèle qui est fait avec la guerre froide, durant laquelle des autorités avaient mis en place une horloge de l'apocalypse disant que le déchaînement des enfers aurait lieu à minuit pile. L'Horloge de l'Apocalypse est un roman profondément écolo. Et l'Apocalypse, c'est le capitalisme qui l'apporte. Pour Lorris Murail, d'ailleurs, son roman n'est pas apocalyptique au sens où l'entend la science-fiction : il est quasiment un documentaire, un faux-cumentaire pour être précis, de ce qui se passe actuellement. Mais ça paraît tellement dingue qu'on préfère y voir une fiction somme toute effrayante de réalisme. Et le sermon collapsologique (ce mot me donne envie d'arracher la tête de bébés koalas) qui est prêché par l'étrange animateur de radio n'est pas sans rappeler le discours de certains mauvais esprits sur facebook qui ne rêvent que de voir brûler tout entière l'humanité.
L'Horloge de l'Apocalypse paraît être un trip sous acide, en tout cas c'est comme ça que je l'ai perçu : je l'ai lu d'une traite, fasciné, hypnotisé, tournant les pages sans arrêt et je me sentais quelque peu dans un état second.
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