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Critique de Ileauxtresors


En me plongeant avec avidité dans ce deuxième volet du diptyque le Meurtre du Commandeur, j'ai retrouvé les protagonistes du roman en proie à leurs tourments et fantômes respectifs. le narrateur retrouve le chemin de la création artistique, mais ce chemin est tortueux et réveille des souvenirs lancinants. Il côtoie l'insondable Menshiki dont on apprécie l'élégance et le savoir-vivre, sans pouvoir s'empêcher de s'interroger : jusqu'où comprendre, cautionner et soutenir sa détermination obsessionnelle à entretenir l'hypothèse de la paternité de la jeune Marié ? Cette dernière est à l'affût, attendant fébrilement de se transformer en femme et se sentant constamment observée. Et il y a aussi évidemment le vieux peintre Tomohiko Amada, hanté à l'aube de sa vie par des drames anciens…

Tous pressentent l'imminence de quelque chose d'inattendu et la tension monte. On évolue dans des lieux étranges, en proie à une confusion croissante des repères spatiaux-temporels : ce glissement naît-il de l'irruption dans le quotidien de l'explicable et du surnaturel ? Des subjectivités singulières des personnages, entre lesquelles se creuserait un écart grandissant ? Ou d'un enchevêtrement entre réalité et métaphore ? de fait, la vie peut parfois évoquer un tunnel étroit, mais il faut bien aller de l'avant, quitte à consentir à quelque sacrifice pour cela…

L'écriture de Murakami est décidément envoutante : limpide, densément évocatrice, hypnotisante. Certaines bifurcations de l'intrigue peuvent certes sembler arbitraires, mais on se laisse de bonne grâce emmener dans cette déambulation initiatique et inviter à des réflexions vertigineuses sur l'art, les contingences, le libre-arbitre, le courage, le sens et la filiation. En revanche, j'avoue qu'en achevant ce roman aussi rapidement que le permet le rythme de la fin de l'année, j'ai été un peu frustrée par la conclusion de plusieurs fils narratifs que l'auteur décide de laisser en suspens… Un peu comme son protagoniste qui décide de laisser inachevées certaines de ses toiles. Résultat : je reste, comme lui, hantée par mes questionnements et un peu désemparée quant à la portée symbolique de cette métaphore qui se déplace.
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