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Critique de Musa_aka_Cthulie


Honteusement trompée par Un parc dans la nuit de Rippl-Rónai en couverture de ce catalogue d'exposition, trop pressée pour vérifier que la totalité du contenu m'intéressait vraiment (il faut dire que je l'ai dégoté à très bas prix dans une braderie, il ne s'agissait pas qu'on me le dérobe!), j'ai fait face à une amère, affreuse, horrible, terrible déception quand je me suis rendu compte que, non, il n'était pas question que des pastels symbolistes dans le livre.


Pour être honnête, j'avais bien vu qu'il y était question de deux ou trois autres petits trucs - des trucs appelés Millet, Manet, Degas -, mais je n'y avais pas attaché tellement d'importance. Et puis vu les noms précités, ça ne pouvait pas être complètement inintéressant. C'est juste que j'ai dû m'avouer que Millet et Degas ne m'intéressaient finalement pas plus que ça ; je le savais déjà plus ou moins pour Manet. Il y a aussi le cas Odilon Redon, qui là m'a posé problème.


Je reste cela dit persuadée, après avoir refermé ce catalogue, que si j'avais lu des bouquins sur l'ensemble de l'oeuvre de Millet, Manet ou Degas, j'aurais été plus intéressée par leur cas. Car je n'ai pas très bien vu ce que la présentation des pastels de ces trois artistes apportait à la connaissance de leur art. Alors oui, il est bien clair dans les textes du catalogue que le XIXème a été un renouveau pour le pastel, qui au XVIIIème se cantonnait presque exclusivement aux portraits (dont ceux, fameux, de Quentin de la Tour) et au rendu rosé et poudré des chairs. Il est clair que Millet a rompu avec tout cela. Mais pour autant, je ne comprends guère en quoi le pastel a été pour lui différent de la peinture à l'huile, ou de tout autre medium, dans sa pratique générale. Même chose pour Manet et Degas. Et puis les couleurs des pastels de Degas m'ont paru criardes, agressives...


Pour le cas Odilon Redon, Dario Gamboni s'est efforcé non seulement d'expliquer en quoi le pastel constituait une étape vers la couleur, mais aussi d'analyser, peut-être plus que ses confrères, les oeuvres reproduites. Malgré cela, je n'ai pas été passionnée par le propos, sans doute parce que la couleur de Redon ne vaudra jamais, pour moi, ses noirs. Et puis finalement, ce que j'ai retenu de l'utilisation du pastel par ces quatre artistes, c'est que c'était moins fatiguant à utiliser qu'un autre medium. Certains d'entre eux ayant été affligés de maladies qui les ont considérablement affaiblis au fil du temps, le pastel leur a permis de continuer à pratiquer leur art malgré leurs infirmités. Et on saisit aussi, évidemment, que le pastel permet d'aller vite.


Donc, sans surprise, c'est l'essai sur le symbolisme qu m'a le plus intéressée. Mais pas seulement parce que je suis monomaniaque ! C'est que le flouté du pastel collait à merveille avec les objectifs des symbolistes, et qu'on comprend enfin l'intérêt de s'arrêter sur la technique du pastel dans ce cas précis. C'est le chapitre que j'ai trouvé le plus abouti, mais peut-être ne suis-je pas très objective. Je dois tout de même préciser que, le musée d'Orsay ayant organisé l'exposition avec ses propres oeuvres, on trouve essentiellement des oeuvres de Lévy-Dhurmer - qui valent vraiment le coup d'oeil, pour ceux qui ne le connaîtraient pas.


En revanche, on ne comprend pas bien pourquoi Clair de lune et lumières de Spilliaert, mentionné dans le catalogue, n'y apparaît pas. L'oeuvre 'aurait-elle pas été retenue pour l'exposition, alors qu'elle fait partie des collections du musée ? Ou n'aurait-elle tout simplement pas été reproduite ??? On s'est également abstenu de reproduire quelques autres oeuvres pourtant citées, ce qui n'est pas la procédure habituelle pour un catalogue d'expo (ben oui, s'il faut aller sur le Net à chaque fois pour voir de quoi on nous parle, merci pour le côté pratique).


Mais le catalogue s'achève heureusement avec trois oeuvres magistrales. Un parc dans la nuit, que j'ai mentionné en début de critique, est suivi de Nocturne au parc royal de Bruxelles de Degouve de Nuncques, qu'il eût été impensable d'escamoter, pour se refermer sur l'étonnant et terrifiant pastel de Mucha : le gouffre. Dans les profondeurs, un cadavre.
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