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Critique de Alzie


Un livre qui a subi tant de déménagements plus les outrages d'une inondation et dont les pages résistent malgré tout mérite bien quelques égards, dont celui de relectures épisodiques. L'estampe et son esthétique, si particulière, a ses aficionados dont je fais partie. Ce sont donc les Maîtres de l'eau-forte, des XVIe et XVIIe siècle, qui habitent ce catalogue d'exposition, un peu ancien (Louvre, Collection Edmond de Rothschild, 1980) mais toujours captivant à reparcourir. L'eau-forte est une technique de gravure, en creux (taille-douce), dont la mise au point doit probablement au savoir-faire des orfèvres et des armuriers. le procédé s'affine au XVIe siècle et trouve sa pleine expression au XVIIe siècle. Sa pratique est parfois couplée à celle du burin. Ses principales caractéristiques techniques sont décrites, pour commencer ; les artistes et leurs oeuvres étant ensuite présentés chronologiquement et par écoles (Allemande, Flamande et hollandaise, Française, italienne). Chaque oeuvre est brièvement resituée dans son courant et commentée pour ce qu'elle apporte, par rapport au procédé. Grand mérite d'une telle option, qui permet de suivre pas à pas, dans son déploiement européen, l'évolution d'un art fort complexe, et d'en saisir les quelques subtilités plastiques, indispensables, aidant à sa meilleure compréhension.

Premières réalisations, peu souvent datées et encore moins signées, dans le courant du XVe siècle. Puis, l'Ecole allemande devient pionnière. Il faut citer Albrecht Dürer (1471 - 1528) - qui tente quelques essais mais n'exécute que six eaux-fortes entre 1515 et 1518, préférant le burin - et Albrecht Altdorfer (1480 - 1538). On s'emmerveille au passage de rencontrer un artiste à la fois peintre, verrier, potier, mathématicien, cartographe et aquafortiste, tel Augustin Hirschvogel (1503 - 1553).

L'incontournable Ecole flamande et hollandaise fournit son lot impressionnant d'inventeurs, créateurs : le visionnaire Hercules Segers, Lucas de Leyde, Antoine van Dyck (portraits), Lucas Vorsterman et bien sûr l'incomparable Rembrandt. L'irruption du paysage dans l'eau-forte, au siècle précédent, trouve au XVIIe un terrain d'inspiration encore plus vaste (Rembrandt et Jacob van Ruisdael), les scènes de genre se multiplient (tabagies d'Adrian van Ostade), ainsi que les thèmes animaliers (Nicolas Berchem, Karel Dujardin, Paulus Potter), dans une production majoritairement dominée par le motif religieux, jusqu'alors.

L'Ecole française n'est pas en reste : Jacques Callot qui a l'idée de remplacer le vernis "mol" par le vernis dur des menuisiers-ébénistes, Israël Silvestre, Laurent de la Hyre, Claude Gellée dit le Lorrain, et quelques autres. Citons Abraham Bosse pour son célèbre traité, moultes fois réédité par la suite : "Traité des manières de graver en taille-douce sur lairain (sic) Par le moyen des eaues fortes et des vernix durs et mols. Ensemble de la Façon d'en Imprimer les Planches, et d'en Construire la Presse." Paris, 1645.

Fantaisie italienne pour conclure, avec le disciple des frères Carrache, Guido Reni (tumulte d'anges entrelacés), Ribera, l'originalité de Giovanni Benedetto Castiglione dit, Il Grechetto, inventeur du monotype, ou encore le travail en frises de Stefano della Bella ; mais surtout deux compositions extraordinaires de Salvator Rosa (peintre et aquafortiste, poète, acteur et musicien) : "Le songe d'Enée" et "Jason et le dragon" [v. 1663 - 1664].

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