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Critique de Silentum


La citation de Maeterlinck en épigraphe donne le la du roman. D'emblée, nous plongeons dans les pensées de Törless, jeune étudiant autrichien que ses parents viennent d'inscrire au pensionnat de W. ; et tout au long du roman, c'est avec peine et difficulté que Törless parviendra à mettre les mots sur son expérience. Tel un Sisyphe adolescent, il semble reprendre sans cesse les mêmes chemins, essayant de figurer, contrôler en lui l'énergie fougueuse de la jeunesse.

Törless est pourtant entre deux eaux, bien davantage que ses camarades Reiting et Beineberg. Surtout ce dernier, nourri aux idéaux mystico-philosophiques (i.e. fumeux) d'un père ayant vadrouillé jusqu'en Inde, dernier avatar romantique d'un siècle qui ne l'est plus. Entre le trivial Reiting et le romantique Beineberg, Törless, moins assuré, se pose beaucoup de questions. Un peu trop peut-être, se dit-on, mais néanmoins il semble être le seul de son pensionnat à se poser les bonnes questions, allant même jusqu'à interroger son prof de math au sujet des nombres imaginaires.

On voit qu'en creux, Musil semble dessiner les contours de cette génération et de la précédente. Les professeurs ne sont guère là pour apprendre aux élèves à raisonner (tout au plus à transmettre des connaissances), encore moins à donner des repères moraux. Dès lors, les logiques de domination prennent naturellement leur place avec le drame de l'élève Basini.
Certes, on pourra dire que ces rapports préfigurent ce qui arrivera quelques années plus tard, mais comme dit en introduction, ce ne serait pas forcément faire justice au roman que de le ramener immédiatement à cela. Ce serait d'abord sans compter la qualité de la prose, même s'il est difficile de savoir ce qu'elle doit respectivement à Musil et Jaccottet.
Ce serait également sans compter la quête aux accents proustiens d'une forme de transcendance chez Musil. Si Törless choisira une forme de réalisme qui s'en éloigne, il semblerait que Musil donne sa version par la voix du narrateur.
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