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Critique de 5Arabella


La pièce a été publiée en 1835 dans la Revue des Deux Mondes, mais comme la plupart des pièces De Musset ne sera portée à la scène que bien plus tard, en 1848. Elle sera reprise par la troupe de la Comédie Française à partir de 1850. Mais le ministre de l'Intérieur de l'époque, sur protestation d'une partie du public va exiger qu'elle soit retirée de l'affiche, à cause de son caractère immoral. Elle ne sera reprise qu'en 1872. En 1907 André Messager s'inspirera de la pièce pour composer Fortunio, un opéra comique.

Le Chandelier est une pièce en trois actes, à l'action relativement resserrée. Jacqueline une jeune femme mariée à un vieux notaire, a un amant, Clavaroche, un fringant et séduisant militaire. le mari a été alerté, il vient essayer de surprendre sa femme, qui le ridiculise. Mais devant le danger, Clavaroche lui suggère de prendre « un chandelier », un soupirant naïf que l'on pourra jeter en pâture au mari pour détourner l'attention. Jacqueline n'est pas enthousiaste, Clavaroche insiste et propose de faire jouer le rôle à un des trois clercs de notaire du mari, qui se promènent justement au jardin. Jacqueline jette son dévolu sur Fortunio, le plus agréable des trois. Mais ce dernier est amoureux de Jacqueline depuis qu'il est entré à l'étude, et le soudain intérêt qu'elle manifeste à son égard, lui demandant des petits services, lui donne l'espoir d'avoir enfin été remarqué. Il finit par avouer son amour à Jacqueline, elle n'y croit pas vraiment. Fortunio découvre ce qui se trame et à quoi on l'utilise, même s'il adresse des reproches à Jacqueline, il est toujours prêt à tout pour elle. Elle finit par préférer son amour sincère à celui plus opportuniste de Clavaroche : le mari et l'amant se trouvent bernés par les deux jeunes gens.

La pièce joue sur deux registre : celui de la farce, et celui du sentiment amoureux. le mari et Clavaroche sont tous les deux des types comiques, différents l'un de l'autre mais au final aussi ridicules. le vieux mari prêt à croire tout et n'importe quoi, finalement uniquement soucieux des apparences, qui a épousé une toute jeune femme, sans se poser des questions sur ses attentes, et l'amant satisfait de lui-même, se croyant tout permis, ne sont pas sympathiques et leurs mésaventures ne suscitent que le rire sans arrière pensée. Fortunio, dans lequel les commentateurs de l'oeuvre voient une sorte de double de l'auteur, qui aurait vécu une histoire proche dans son adolescence, est un jeune homme sentimental, épris d'idéal, qui va faire découvrir à Jacqueline le véritable amour. le personnage le plus intéressant est sans doute Jacqueline, qui se transforme, qui évolue, et qui montre à quel point la condition féminine de son temps était sans issue. Dans le milieu aisé dans lequel elle évolue, elle n'a tout simplement aucune perspective, pas de véritable activité, marié à un homme bien plus âgé qu'elle n'a pas choisi, elle s'ennuie et même son amant ne vaut pas vraiment mieux que son mari. Mme Bovary n'est pas si loin. Tout le monde la surveille, et elle doit garder ses envies et frustrations cachées. Son cynisme du début de la pièce s'explique parfaitement, c'est la condition de la survie.

Une bonne pièce, plus complexe qu'une lecture superficielle pourrait le laisser supposer.
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