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Critique de paroles


« Le style n'était pas une fin en soi. La première qualité d'un écrivain était de savoir captiver son lecteur par une bonne histoire... le style n'était que le moyen d'innerver la narration et de la rendre vivante. »

Dès les premières pages, Guillaume Musso nous met à l'aise. Nous savons qu'ici le lecteur sera happé par une bonne histoire et non par le style. Et il a raison ! Il y a quelques années, j'avais lu un des premiers romans de cet auteur dont je n'ai retenu ni le titre ni l'intrigue. le seul souvenir était un texte d'une platitude ennuyeuse. du coup, j'avais oublié cet écrivain. Mais dernièrement ma soeur m'a mis dans les mains ce roman en me disant : « tu vas tomber dans le panneau et ne pas pouvoir arrêter la lecture ! » Elle a eu raison ! L'intrigue est bien ficelée même si parfois les hasards tombent à pic et facilitent la construction.
La bonne histoire est bien là :
En 1999, après avoir publié trois romans devenus cultes, le célèbre écrivain Nathan Fawles annonce qu'il arrête d'écrire et se retire à Beaumont, une petite île au large des côtes de la Méditerranée.
En 2018, débarquent sur l'île Raphaël Bataille jeune écrivain en devenir et Mathilde Monney une jeune journaliste suisse.
Ces trois personnages vont glaner des indices concernant le meurtre d'une femme survenu il y a peu sur l'île. Mais quel lien peut bien les rassembler ?

Ce roman m'a beaucoup amusé. Non pas par son intrigue, mais par les remarques faites par l'auteur et concernant justement le monde des écrivains et des éditeurs. J'ai eu l'impression parfois qu'il s'excusait de n'être pas un « vrai » écrivain et se défendait par des réflexions prêtées à ces personnages telles que « je n'ai jamais laissé à personne le droit de me dire ce que je devais lire ou pas. Et cette façon de s'ériger en juge pour décider ce qui était de la littérature et ce qui n'en était pas me paraissait d'une prétention sans bornes. »

Rassurez-vous cher Guillaume Musso, votre lectorat existe bel et bien. Et voyez, vous avez gagné une lectrice de plus, même si j'avoue n'être pas une inconditionnelle mais je ne dirai plus « fontaine... ».

Et puis j'ai bien aimé aussi votre questionnement sur le journalisme et ses vraies valeurs. Là encore le terme de « vrai » est mis à l'ordre du jour avec ce que le « pseudo-journalisme 2.0 pouvait produire de pire : sujets graveleux, titres putaclics, clashs, appels à l'hallali, blagues à trois balles, retweets systématiques de vidéos anxiogènes et tout ce qui était susceptible de tirer l'intelligence vers le bas... »

Petit règlement de compte, Guillaume ? Bien vu et là je vous soutiens. Par ces temps de virus, il n'y a pas pire que celui virtuel de haine et de connerie qui se répand sur la toile.

Enfin, car il faut bien finir, j'ai beaucoup apprécié l'envers du décor du métier d'écrivain « lorsque tu écris, tu ne vis pas avec ta femme, tes enfants ou tes amis. Ou plutôt, tu fais semblant de vivre avec eux. Ta véritable existence, tu la passes avec tes personnages pendant un an, deux ans, cinq ans... ».
Et puis vous vous êtes lâché, vous avez osé le dire « c'est con à dire, mais pendant un moment, devant ton écran, tu es un démiurge qui peut faire et défaire les destinées. Et quand tu as connu cette euphorie, il n'y a rien de plus bandant. »

Et là, j'ai bien senti que ce n'était pas votre personnage qui parlait, mais vous. Je me trompe, Guillaume ?
Non, ne répondez pas. Laissez-moi penser que les écrivains ne sont pas toujours des menteurs.

Oui, j'ai bien aimé ce roman qui rétablit une certaine vérité sur le monde des écrivains, des éditeurs « ceux qui savent toujours mieux que toi ce que veulent lire les gens », des journalistes... mais aussi sur les apparences, L Histoire et les histoires. Et à mon tour de vous mettre à l'aise : promis, je ne parle pas du style.
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