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Critique de Alfaric


Attention napalm littéraire sauce seinen manga ! Takashi Nagasaki l’éminence grise de Naoki Urasawa ("Master Keaton", "Monster", "20th Century Boys", "Pluto", "Billy Bat"… que de la bonne came ! ^^), a décidé de tirer à boulets rouges sur les zélites du Japon bien-pensant… Attention aux dommages collatéraux !

Keita Kurokôchi est un ripou de la 2e brigade d’investigation mais il est intouchable car il roule sa bosse depuis si longtemps qu’il a des dossiers sur tout le monde. On lui adjoint le jeune et idéaliste Shingo, dont la mission est de le faire tomber. Mais le vieux roublard montre rapidement au rookie incorruptible l’envers du décor, où ceux qui parlent moralité et zéro criminalité à la télé détournent des millions voire des milliards durant la semaine avant de taper des putes entre deux rails de cocaïne le week-end, et où tous les moyens sont bons pour gagner du pouvoir et de l’argent, pour gagner encore plus de pouvoir et d’argent… (Et dire que les voleurs de chevaux spécialistes en dézingage de voleurs de poules voulaient dépénaliser la délinquance en col blancs ! on est vraiment tombé bien bas… MDM)
Va-t-il le dénoncer ou fermer les yeux quand celui-ci va déclencher une vaste croisade contre la pourriture venue d’en haut ?
Impossible de ne pas penser au film "Les Ripoux" de Claude Zidi avec Philippe Noiret / René Boisrond et Thierry Lhermitte / François Lesbuche, sauf qu’ici les tripots, les lupanars et les ateliers clandestins sont remplacés par des déprédations de grandes envergures qui envoient à la précarité et à la pauvreté des millions des familles… Ne remercions pas les Chicago Boys pour le monde de merde qu’ils nous ont offert !
Mais cela va plus loin que ça, car j’ai senti une inversion des rôles du manga culte des années 1960 "Lupin III", où un inspecteur hypermotivé traquait une joyeuse bande de cambrioleurs, lors qu’ici des criminels en col blancs hypermotivés traquent un joyeux inspecteur. Au final, ce manga navigue entre "The Shield" et "House of Cards" et Keita Kurokôchi est la synthèse entre les petites questions de "Colombo" et les gros délires de "GTO" !

Graphiquement les dessins de Kôji Kôno sont bien plaisants. Certes le découpage est fluide et dynamique, surtout pour un manga composé essentiellement de dialogues, mais c’est surtout le travail sur les faciès et les expressions qui est bluffant. En une ou deux cases on passe d’un graphisme réaliste à un graphisme presque cartoonesque, et dans les deux cas on voit que les personnages sont tous sur le fil du rasoir et que d’un coup de crayon ils peuvent basculer et révéler leur vrai visage…
Car le manga cultive l’ambiguïté sur la nature profonde de son anti héros : est-il un vrai pourri ou un faux pourri ? Oui, il profite du système, mais il a des ennemis nombreux et puissants, et également des amis partout dans la police, la justice, les médias, les yakuzas… Et si sa corruption n’était qu’un masque pour infiltrer la pourriture de l’intérieur pour mieux la combattre ?


Pas facile de résumer ce tome 1 rempli à ras-bord : Kurokôchi couvre la mort plus ou moins accidentelle d’une fille facile des mains d’un politicien queutard pour faire tomber son supérieur amateur de sexe violent avec des adolescentes mineures, qui n’a pas hésité à faire éliminer une récalcitrante et une famille entière qui en savait trop… Sauf que les témoins sont victimes d’une épidémie de suicide, et qu’il doit stopper les nettoyeurs du gouverneur, dont un serial killer apparenté à un très haut gradé de la police tokyoïte…
Le gouverneur relaxé faute de témoins et de preuves, Kurokôchi est traqué par ses ennemis et par ses amis, mais parvient par un subterfuge de derrière les fagots à mettre ses propres cadavres sur le dos du monstre à visage humain ! Magistral !!!

Le chapitre 7 est presque un digestif puisque Kurokôchi parvient à faire tomber un nouveau délinquant en col blanc tout en récupérant son poste !

Mort De Rire !!!


Et que nous réserve la suite : la société secrète du Cerisier, le mystère du casse du siècle, l’armée rouge japonaise, Fusako Shigenobu et Golgo13 ! (oui je sais, je m’enflamme… ^^) Tremblez politiciens corrompus, tremblez financiers véreux, tremblez patron voyous, Bébel et Dirty Harry ont trouvé un successeur en la personne de l’inspecteur hors-la-loi qui ne reculera devant rien ni personne pour vous faire tomber, car il est habité par sa mission : niquer le système bien profond pour détruire votre monde de merde ! Oh yeah, et lisez cela en écoutant une bonne BO de Lalo Schiffrin !!!
https://www.youtube.com/watch?v=ohJZ3po8BI0

PS1: je ne remercierais jamais assez les Editions Komikku, portées à bout de bras par Sam Souibgui, d’avoir apporté un vent de fraîcheur au manga en France...
PS2: l'oeuvre a aussi été adaptée en série télévisée
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