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Critique de 5Arabella


Le père Tomo, un des anciens Trois Poteaux, parrains régnants sur le quartier misérable des Ruelles, maintenant épave alcoolique interné dans un hôpital psychiatrique, apprend la mort violente de Taichi, son protégé et fils adoptif. Suite à cette annonce qui le bouleverse, il reçoit « la visite », où plutôt les apparitions de la mère Oryû (morte), l'ancienne sage femme du quartier, qui a fait naître tous les habitants des Ruelles, et qui se souvient de chacun d'entre eux, même si elle est illettrée.

Toute histoire de Taichi, qui est aussi l'histoire de son quartier, des truands et pauvres gens qui le peuplent se déroule, depuis sa naissance et la mort tragique de son père, en passant par ses « exploits » depuis son plus jeune âge qui en font un des caïds le plus en vue du quartier, jusqu'à sa mort tragique et annoncée, puisqu'il est issu du sang corrompu des Nakamoto, maudit jusqu'à la septième génération.

Ce livre fût pour moi un véritable choc, d'autant plus fort que je dois avouer que je ne connaissais même pas son auteur. C'est un récit bouleversant et poétique, écrit dans une langue baroque et touffue, d'une beauté incroyable et terriblement originale.

Les personnages sont très attachants ; alors que je n'aime d'habitude pas les récits situé dans le monde de la pègre, ici Nakagami réussit à nous intéresser et à nous faire compatir à la vie de ces jeunes gens violents, drogués, et si terriblement désemparés, voués à mourir jeunes, sans aucune perspective d'avenir sauf la violence et la mort. le récit de la vie de Taichi a quelque chose d'une tragédie grecque, les événements sont annoncés, et le déroulement du récit est très lyrique et très littéraire, les habitants des Ruelles, toujours présents, comme le choeur, sont en fait les véritables héros de l'histoire, dont Taichi n'est qu'un exemple et une victime expiatoire. Nakagami réussit à montrer tous les aspects de la vie de ces gens, les positifs, leurs humanité, l'entraide des pauvres, mais aussi leurs aspects sombres, l'intolérance, la violence qui couve et qui peut exploser à chaque moment.

A la réalité se mêle des éléments oniriques ou même fantastiques : les halucinations de Tomo, l'apparitions de quelque « tengu » (fantôme) qui peut pousser au suicide, la frontière entre le réel et le rêve est parfois tenue. Ce livre tient pour moi complètement l'impossible défi d'associer la description la plus réaliste et non édulcorée d'un monde sordide, rempli de voyous, prostituées, drogués, à une poésie et un univers onirique et presque spirituel, où le questionnement sur les valeurs et le sens des choses est présent en filigrane.
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