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Critique de ALDAMO21


« Lajja » un livre de 285 pages, qui n'est pas facile à lire.
Et j'aurais dû me méfier, à cet échange de livres, car la personne qui me l'a prêtée est une passionnée d'Histoire.
Pour ma part, j'ai dû consulter plusieurs sites pour comprendre les situations politiques très compliquées qu'a vécu la population du Bangladesh.


Car le livre de Taslima Nasreen est écrit comme un reportage journalistique avec beaucoup de références historiques sur Bangladesh, depuis la partition et l'indépendance de l'Inde britannique en 1947.
Depuis cette date, le Bangladesh sera un pays tourmenté et asphyxié par la domination du Pakistan, à majorité musulmane et qui deviendra en 1956, une république islamiste.
Ce pays n'a donc cessé d'être le théâtre de revendications autonomistes et il sombra fatalement dans une guerre civile des plus sanglantes.


Beaucoup d'observateurs et d'historiens ont même parlé de génocide.
Même si les chiffres avancés soient discutés, Amnesty International estime que durant cette guerre impitoyable près de trois millions de civils ont été tués.
Mais c'est surtout huit à dix millions ont suivi les routes de l'exil.
Et pour terminer dans l'horreur et l'ignominie, ce furent plus de 200 000 femmes et jeunes filles qui ont été violées.


La déclaration d'indépendance du Bangladesh fut officialisée en mars 1971. Mais le Pakistan ne la reconnaîtra que trois ans plus tard.
Un tribunal que beaucoup ont dénoncé sa partialité, fut mis en place dans les années 2009, pour juger tous ces crimes. Mais il y eut très peu de condamnations par rapport à toutes les abominations commises.


L'auteure a établi sur des pages, une longue liste sur toutes les atrocités qui furent commises par les soldats et policiers de l'Etat islamique, aidés par des bandes de voyous musulmans.
Des trop longues listes effrayantes, qui me furent un peu rébarbatives et que j'ai parfois lues en travers, énumérant tous les temples hindous et tous les lieux de prière qui ont été démolis, saccagés, pillés de leur richesse.

Une liste où l'auteure dénombre les centaines de centaines de familles hindoues, que les musulmans ont dépossédées de leurs terres, ont ravagés leurs récoltes, ont détruit les ateliers des artisans.
Mais comme ce pillage sauvage ne suffisait pas, les musulmans ont aussi enlevé des membres de famille en exigeant des rançons.
Ils ont obligé parfois des familles entières à se convertir à l'islam. Ceux qui résistaient étaient torturés et assassinés. Ces fanatiques de l'Etat islamique violaient les mères devant leurs filles, violaient les filles devant leurs mères, violaient les soeurs devant leurs frères.


Aujourd'hui, l'islam est désormais la religion officielle du Bengladesh.
Leurs habitants sont à 90% de confession musulmane. Mais le gouvernement se revendique d'un Islam modéré.
Depuis la guerre d'indépendance, les civils hindous, sont en minorité religieuse dans le pays et sont toujours la cible de violences.
C'est pour ces raisons politiques et religieuses que la population hindoue victime de trop de cruautés et cette grande intolérance religieuse, a émigré en masse. Elle fuira la misère, le chômage, les catastrophes naturelles et leurs bourreaux.
La plupart des Bangladais et Bangladaises quittent encore aujourd'hui leur pays pour trouver de meilleures conditions de vie ailleurs et migrent vers les pays voisins.


C'est dans ce lieu de détresse et de misère humaine, où la vie est difficile, où les mariages entre hindous et musulmans sont mal vus des deux communautés, où rôdent continuellement la violence, le sang, les larmes et la mort, que Taslima Nasreen raconte le destin de cette famille hindoue, la famille Datta, en l'année 1992.
Une famille qui vit cloitrée dans leur maison, les volets et les portes cadenassées.
Parce les membres sont considérés comme « hindous », c'est-à-dire comme « des parias », des « bons à rien », comme s'ils avaient une maladie honteuse.

On y rencontre le père Sudhamoy, ancien docteur qui n'a plus de client. Ancien indépendantiste qui fut torturé par le régime islamique. Malgré la peur qui le tenaille, Sudhamoy veut rester sur ces terres qui l'ont vu naitre. Il considère que c'est une honte que de fuir ses racines et de quitter son pays qui est le sien.
Sa femme Kironmoyee, qui craint pour sa vie, celle de son mari et de ses deux enfants, est désespérée de ne pouvoir convaincre son époux de quitter ce pays damné. Elle craint aussi que des hommes puissent venir violer leur fille Maya, une très jolie fille de vingt et un an.
Et puis il y a le fils Suranjon, souvent alité à ne rien faire. C'est un jeune homme désoeuvré, désabusé. Ancien journaliste, il s'est retrouvé au chômage et il est honteux d'être encore à la charge de ses parents.
Lui aussi voudrait partir et il en veut beaucoup à son père qui s'entête à rester dans un pays où tous les dangers les guettent.


Un jour, en l'absence de Suranjon, des hommes armés de bâtons débarquent dans la maison de la famille Datta. Cette faction musulmane venue on ne sait d'où, cassent tout le mobilier, maltraitent le père et la mère et enlève Maya…


Je pensais lire un roman dans un fort contexte historique. Et ce fut le contraire, le récit fictif fut noyé dans un intéressant mais long témoignage journalistique sur l'histoire du Bengladesh.
Le style de Taslima Nasreen et son récit ne m'ont pas procuré assez d'émotions pour que je m'attache à l'intimité de la famille Datta, qui fut trop mise en arrière-plan.


Je me pose la question de savoir pourquoi ce livre a valu une fatwa à l'auteure Taslima Nasreen. Sans doute pour y avoir dénoncé le génocide du peuple hindou et la destruction de leurs temples et de leurs biens.
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