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Critique de fuji


Un thriller gigogne.
Contrairement à mes habitudes je vais commencer par ce qui m'a déplu.
Il y a un bémol à ma lecture, et c'est la construction de ce roman. La forme chorale va très bien avec l'intrigue, mais je cherche encore l'utilité des trois prologues ainsi que des intermèdes entre les chapitres. Pour moi cela alourdit le livre qui par ailleurs maintient bien le suspense jusqu'au final.
Maintenant l'atmosphère du livre est originale car toute l'action se déroule dans une ancienne église désaffectée et réhabilitée en logements sociaux avec une population très variée dans un quartier de Londres.
Mags, 38ans, brillante avocate à Las Vegas, est appelée au chevet de son frère Abe, victime d'un terrible accident. Il l'avait indiqué comme seule personne à prévenir.
Elle se demande bien pourquoi, car elle l'a lâchement abandonné en fuyant sa famille à l'âge de 16 ans, Abe avait 15 ans.
Néanmoins elle prend le premier vol et arrive à l'hôpital. Son frère est dans un état irrémédiable. A son chevet une jeune femme Jody, 25 ans, qui se présente comme sa fiancée.
Mags a fui une autorité paternelle violente, sans se retourner, sans emmener son frère avec elle.
Elle s'est fait une belle situation, mais avant cela elle a subi le contrecoup et fait n'importe quoi en se noyant dans l'alcool et le sexe.
Mags s'est forgée une telle carapace que le lecteur se demande si elle est capable de fendre l'armure de temps à autre.
Jody c'est tout le contraire, elle est à vif, comme si elle sortait nue en permanence, laissant les soubresauts de la météo l'attaquer sans qu'elle ait l'idée de se protéger. Dans sa tête, c'est la confusion totale, elle ment, elle psalmodie en permanence. le lecteur a l'impression que c'est une immense croûte recouvrant une plaie, et qu'elle gratte cette croûte jusqu'au sang.
Mira, est une voisine, elle est enceinte et avec son mari ils ont demandé l'asile, car ils viennent d'Albanie. Elle espionne en permanence, les uns et les autres, en commençant par son mari.
Ces trois protagonistes vont se donner la réplique de mensonges en vérité, concernant ce qui n'est pas un accident pour Abe ni comme on veut le prétendre un suicide.
Abe est un homme qui a choisi le métier d'aide-soignant et qui malgré les difficultés rencontrées, accomplit son travail avec beaucoup d'humanité. Toujours prêt à rendre service, discret et généreux.
Mags fait un constat : « Ce n'est pas ma faute. Je n'étais qu'une enfant, comme Abe. Nous avons chacun fait ce que nous avions à faire pour survivre. Je ne suis pas surprise d'apprendre qu'il a traversé une dépression. Lui s'est soigné au Prozac, moi à l'alcool et au sexe. Evidemment, ma première solution inspire toujours plus de compassion que la seconde. »
Son constat l'amène à se dire que devant l'inertie de l'inspectrice Derbyshire, elle devrait mener l'enquête elle-même.
Elle va y mettre toute sa pugnacité, sa hargne car elle comprend qu'elle ne pourra jamais se pardonner les liens distendus avec son frère.
Elle va apprendre à connaître l'homme qu'il est devenu et comprendre que contrairement à elle, il a vécu.
A force de se blinder, et de laisser croire aux autres qu'elle est uniquement l'image qu'elle affiche en permanence, elle s'aperçoit enfin qu'elle passe à côté de l'essentiel.
Le lieu, cette fondation St Jérôme, qui est un véritable personnage, les portraits croisés de ces deux femmes, forment une intrigue soutenue. La tension psychologique est très bien tenue, tendue comme un arc de cercle, et au fur et à mesure la vérité apparaît comme la dernière des poupées Matriochka.
Pour un premier roman, le fonds est très bon, mais je trouve cette construction qui est à la mode, lourde avec des éléments superfétatoires.
Merci Masse critique Babelio et les éditions Sonatine pour m'avoir fait découvrir Sarah J. Naughton. Je lirai son deuxième roman pour savoir si son talent se confirme.
Chantal Lafon-Litteratum Amor 31 mars 2018
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