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Critique de gilles3822


J'ai lu cet ouvrage lors de mon retour d'un voyage aux USA. J'y ai visité le musée de l'histoire Afro-américaine, dernier-né des musées du Smithsonian Institute à Washington. Il en est question dans le préambule du livre. L'ouvrage est une suite d'articles détaillés parus dans le magazine L'Histoire, enrichis de liens pour établir un ensemble coordonné. Ceci étant dit, je ne peux que recommander ce livre qui est une bonne introduction à une histoire qui nous interpelle au delà des USA et des noirs qui y habitent aujourd'hui, descendants d'esclaves, faut-il le rappeler. L'organisation chronologique est parfaite, les chiffres donnent la mesure de ce commerce qui s'étale sur plus de trois siècles. Il n'est pas pris en compte l'esclavage endémique endogène africain, des razzias arabes sur le continent noir, bien avant le commerce triangulaire.
12 millions de noirs africains furent arrachés à leur continent, dont 500000 arrivèrent sur le sol des futurs Etats-Unis. La majeure partie atterrit en Amérique du Sud et dans les îles des Caraïbes, le développement économique lié aux plantations diverses ne se fit qu'à la sueur de cette main d'oeuvre corvéable, sans autre statut que celui d'une "marchandise". Il est toujours compliqué de concevoir un être humain comme un simple bien mobilier, comptabilisé comme tel. Tel fut le cas de millions d'êtres humains entre le 16ème et le 19ème siècle. Les afro-américains ont une histoire à part, dans le sens où ils composent une partie de la première puissance économique, que la violence des rapports humains y fut sans doute plus âpre qu'ailleurs. La légitimité raciale auto-proclamée par delà les lois d'un Etat en construction provoqua une guerre civile dont on voit ici qu'elle ne fut pas dictée par un humanisme dénué de toute arrière-pensée. La mise au ban de l'esclavage ne mit pas fin à une séparation humiliante entre les noirs et la population blanche. Un siècle de ségrégation raciale, ahurissant anachronisme dans ce pays dit démocratique, marque au fer rouge l'histoire des États-Unis, par ailleurs très prompt à donner des leçons au monde entier. Les anecdotes concernant les soldats noirs américains débarquant en France lors de la seconde guerre mondiale montrent le décalage dans la perception de la couleur de peau, et la surprise de ces soldats sur l'égale sympathie qui leur fut prodiguée. le retour au pays fut d'autant plus rude, une pierre supplémentaire vint construire la conscience d'un nécessaire changement. La vie des descendants d'esclaves aux USA dans les années cinquante avait peu évolué depuis le 19ème siècle, dans l'exclusion de toute une population de la vie sociale, d'interdictions humiliantes et de mauvais traitements, et de lynchages impunis. Un siècle de ségrégation jusqu'à une batterie de lois sur les droits civiques en 1965 qui reconnurent cette abomination et donnèrent une structure législative et un vrai pouvoir d'exécution à ceux chargés de les faire appliquer. La bataille n'est jamais terminée, les derniers évènements le prouvent. le racisme endémique, dans la police notamment, alimente des comportements hors d'âge, de plus en plus difficilement acceptés par la population noire et une partie non négligeable des Américains. L'histoire de ce pays a deux blessures originelles : le massacre et l'acculturation des Indiens et l'esclavage des noirs.
Dépasser cela est le plus grand défi collectif que ce pays aura à régler, par delà toute hégémonie planétaire, forfanterie dérisoire par ailleurs.
A noter que l'auteur est devenu depuis ministre.
Livre synthétique à lire.
Merci
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