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Critique de CeCedille


Au début des années 50, Tom Neale, un néo-zélandais presque cinquantenaire, se met en tête de vivre seul sur un atoll des îles Cook du Nord, Suwarrow. L’îlot sur lequel il s'installe (Anchorage) est minuscule. Il le traverse en quelques minutes (moins d'un demi kilomètre carré). Quelques cocotiers, surnagent au milieu d'un grand lagon parsemé de récifs, à l'écart de toute route maritime puisqu'il faut des semaines de navigation pour l'atteindre.
Le récit de deux de ses séjours tient le lecteur en haleine, moins pour les rares événements qui se produisent (visites inopinées, naufrage) que pour la description minutieuse des travaux et de jours, placés sous le auspices des bricoleurs de génie et du facteur Cheval.
Petit prince de son atoll, il lui faut d'abord en prendre possession par un meurtre rituel : le massacre des cochons sauvages qui dévorent ses cultures. Le pacifique Robinson doit se transformer en guerrier sauvage et cruel. Ainsi se fondent les sociétés politiques, selon René Girard, le porc tenant ici lieu de bouc !
Dès lors, la vie sur l’île est calme et tranquille, dans un mélange d'improvisations maladroites et de ténacité héroïque : ses travaux d'endiguement, menés sans relâche pendant six mois sont détruit par le premier cyclone. Mais Sisyphe est heureux, malgré la monotonie des menus, les fièvres récurrentes et le redoutable mal de dos. Il reviendra trois fois dans son paradis et y passera, au total, seize années.
Parmi les robinsonnades, celle de Tom Neale (An island to oneself - 1966) est déjà devenue « culte ». Bernard Moitessier a rencontré le solitaire plusieurs fois et a suivi son exemple en s'installant quelque temps -mais en famille- sur Ahe, un atoll polynésien. Tom Neale a fait rêver des générations : « avec ses mains, sa conscience et son courage, avec sa peine magique et sa machette magique, avec sa sueur et son amour, un homme avait participé à la création du monde… » écrit lyriquement Moitessier. Beaucoup de navigateurs font désormais pieusement étape dans son atoll.
La réalité n'est sans doute pas aussi idyllique que ce qu'en dit le récit, d'ailleurs écrit par un journaliste- écrivain (Noel Barber) sur les seuls deux premiers séjours (1er séjour :1952 - 1954; 2ème séjour : 1960 - 1963). Neale était un touche-à-tout bon-à-rien, probablement un peu misanthrope, qui ne supportait plus de faire le magasinier-remplaçant après avoir été apprenti meccano dans la marine de guerre néo-zélandaise. Pour être plus édifiant, son récit laisse de côté sa vie personnelle. Il ne dit pas qu'après son premier séjour il s'est marié à Sarah Haua en 1956, qu'il a eu deux enfants (Arthur and Stella). Sa fille Stella racontera qu'il a abandonné femme et enfants pour repartir seul sur son île…
« Quand la légende dépasse la réalité, on imprime la légende... ». C'est le cancer qui est finalement venu à bout de Liberty Tom, interrompant son troisième et dernier séjour (1967-1977). Il est mort loin de son atoll, quelques mois après son retour à Rarotonga. Il avait à 75 ans.
Lien : http://diacritiques.blogspot..
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