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Critique de PamRamos


Repéré au titre, parce qu'il s'agissait en y regardant de près des réfugiés de la guerre du Vietnam, et que tout ce qui touche à cette période m'intéresse au plus haut point. L'auteur, Vietnamien né en 1971 et réfugié aux Etats-Unis après la chute de Saïgon, s'est fait remarquer avec 𝐿𝑒 𝑆𝑦𝑚𝑝𝑎𝑡ℎ𝑖𝑠𝑎𝑛𝑡 (traduit chez Belfond en 2017), prix Pullitzer 2016 entre autres, et comparer à John le Carré et Saul Below. Dans ce roman que je n'ai pas lu, on lui prête une reconstitution minutieuse, ambitieuse, des années 75-80 du Vietnam jusqu'en Californie, une fresque politique et palpitante.

Je me penchai alors sur ces huit nouvelles avec gourmandise, et fus largement rassasiée.

D'abord, parce que ce que la presse française rapide et monomaniaque s'empressera de faire, comme l'ont fait les américains immédiatement si j'en juge la revue de presse imprimée en rabat, à savoir alarmer et pleurer, militer et trépigner, Viet Thanh Nguyen ne le fait pas. Jamais. Pas une ligne qui ne soit détournée de son patient travail de précision, de détail, de subtiles touches de vie animant une communauté que l'on ne regarde pas : la diaspora vietnamienne.

Ensuite, parce qu'on se trouve en présence de personnages de tous genres, têtus, fiévreux, pénibles, à côté de la plaque, sensibles, très loin de tout manichéisme, construits, tissés solidement dans une économie de pages, sous des termes pesés et sans esbroufe, j'allais dire, liquides entre les mains, dont on peinera à citer quelque passage que ce soit, la soustraction d'un extrait le rendant immédiatement insipide et privé d'âme, la magie tenant dans chaque ensemble composé.

Enfin parce qu'à l'instar d'un Coetzee dans ses nouvelles contenues dans 𝐿'𝐴𝑏𝑎𝑡𝑡𝑜𝑖𝑟 𝑑𝑒 𝑣𝑒𝑟𝑟𝑒, paru exactement l'année dernière - dans un style fort différent -, la préoccupation centrale de notre auteur est de nous faire emprunter nos tunnels familiaux les plus enfouis, de déblayer nos empêchements et nos frustrations, de nous prendre délicatement par la main pour nous embarquer sur un cargo bien loin de tout sensationnalisme, vers les terres chargées de sang fier, frappé de malheur, qui nous attendent. Quel que soit le temps que cela nous prendra.
Une lecture douce, discrète, sans effet de manche, qui vous tient bien le corps, bellement traduite par Clément Baude (les épreuves non corrigées n'ont presque aucune faute, d'ailleurs)

Parution le 5 septembre.

En parallèle paraît, du même auteur chez le même éditeur, à la même date, 𝐽𝑎𝑚𝑎𝑖𝑠 𝑟𝑖𝑒𝑛 𝑛𝑒 𝑚𝑒𝑢𝑟𝑡. 𝑉𝑖𝑒𝑡𝑛𝑎𝑚, 𝑚𝑒́𝑚𝑜𝑖𝑟𝑒 𝑑𝑒 𝑙𝑎 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒, essai finaliste du National Book Award, for those who care 'bout that. Je le lirai sans doute.
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