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Critique de Anais90


J ai lu ce livre en deux jours, et lorsque je devais m interrompre pour continuer dans la vraie vie, c était vraiment compliqué.

C est l histoire de Valentine, une jeune femme mariée à un homme violent qui l'empêche de sortir, est d une jalousie maladive et en proie à des colères qu il n arrive pas a maîtriser. Ils ont un enfant de 6 ans, qui bien malgré lui, se trouvenm plongé au coeur des conflits, de la violence verbale, psychologique et physique que subit sa maman au quotidien.

Un rayon de soleil va traverser la vie de se duo, c est le couple de personnes âgées qui vient d emménager en face de leur appartement : Guy et Suzette. En cachette, la mère et son enfant passent les fins d après midi chez eux après l école, pour construire des maquettes, manger des gourmandises, et échanger. Suzette n est pas dupe et comprend assez rapidement le calvaire de Valentine. Mais que faire ? Comment aider une personne qui a éteint en elle tout espoir de partir, et qui se laisse mourir à petit feu ?

Ce roman soulève bien des choses concernant la violence conjugale. En premier lieu, l impact que cela a sur les enfants. Il est rare que ce thème soit abordé en littérature, et il est intelligent de mettre en exergue la douleur de l être qui est là, n a rien demandé à personne, et souffre. Il est grand temps que les choses évoluent au niveau de la justice, que cette dernière finisse par entendre que souvent, ces mamans restent pour leur enfant. Parce qu il est clair et évident que le mari de vengera. Et si ce n est pas en cherchant à dénigrer son ex auprès de l enfant qui sera entre deux chaises une semaine sur deux, cela sera en la traquant, quoi qu il se passe et en l empêchant de se reconstruire. Combien de témoignages de femmes qui ont déposé plainte ou main courante pour finalement que rien ne se passe et que cela soit classé sans suite ? Et si cet homme violent, n ayant plus la maman comme punching ball, détournait sa violence sur l'enfant et que personne ne soit là pour intervenir ? Qu est ce que le coeur d une maman peut bien ressentir à l idée que son bourreau fasse de même avec la chair de sa chair, quand son corps à elle a enregistré chaque coup, et son cerveau chaque insulte, chaque rabaissement, chaque humiliation ? Alors, elles restent. Parce qu il n y a pas d autre choix plausible. Parce qu entre la peste et le choléra, c est impossible de trancher.

Et puis, il y a la peur des représailles. Comme l antilope qui n arrive plus à esquisser le moindre mouvement lorsqu elle évalue ses chances de s en sortir face à un lion. Son corps s anesthésie déjà pour ne pas ressentir la morsure fatale qui l immobilisera à jamais. La femme non plus, ne cherche plus à s en sortir. Alors, elle puise en elle le courage nécessaire pour poursuivre le quotidien de façon normale, pour sauver les apparences. Elle endort ses rêves, étouffe son instinct de fuite et attend que cela passe.

L auteure soulève la question de l entourage qui ne comprend pas. Elle explique qu il y a deux mondes, celui des femmes qui vivent sans se poser de question sur leur couple, et celles qui vivent de la violence conjugale. Et effectivement, tant qu on ne l a pas pleinement vécu, on peut difficilement comprendre ce qui pousse des femmes douées de raison, d intelligence, d'éducation, à rester avec quelqu'un capable de vous envoyer un coup de poing pour une futilité, quelqu un qui vous insulte, vous domine et fait de vous sa prisonnière. Il existe une sorte de sororité entre les victimes, ou celles qui sont passées par là il y a longtemps et s en sont sorties. Une compréhension de l indicible, une complicité dans le malheur qui aide à balayer les nombreux "Si elles restent, c'est qu elles aiment ça" (phrase que j'ai moi même entendue il y a des années de cela, par le père d une amie de l époque qui visiblement n avait rien compris au sujet délicat qu il abordait en plein repas, portant des bouchées à ses lèvres en s erigeant en gourou qui avait compris l éternel problème de ces femmes, qui évidemment ne pouvaient qu aimer cela pour rester). Et malheureusement ces discours perdurent.

On entend aussi l impuissance du couple avec leur ado d en bas, qui entend mais n intervient pas, n esquisse même pas la démarche de venir sonner, d'appeler la police ou d aider. C est pareil avec l institutrice d école au départ qui a des doutes et ne peut rien faire. Et c est une réalité. Les choses n étant pas toujours limpides dans le coeur de ces femmes flouées, bafouées, détruites, intervenir est parfois délicat. La peur et l amour qu elles imaginent avoir pour ces hommes détestables les fait parfois les protéger. Ainsi que la peur des représailles en allant à la police, car évidemment, après la plainte, il faut rentrer chez soi.

J ai beaucoup aimé le personnage de Suzette, même si le dénouement la concernant m a semblé un peu trop facile.

Certaines scènes m ont dégoutée dans ce livre, mais après tout, pourquoi censurer ? Il faut arrêter de cacher ces réalités qui sont parfois bien pires que celles décrites dans le livre, et faire bouger les choses, en dénonçant véritablement ce qu il se passe dans ces foyer. Oui, c est horrible, oui c est insoutenable et abject, et si cette femme reste, c est qu'il y a une bonne raison. Si elle se permet au départ de laisser son fils qu elle aime plus que tout être témoin de scène qui le hanteront toute sa vie, qui transformeront l homme qu il est en devenir c est parce qu elle ne peut faire autrement. Tant que la justice n ira pas plus vite dans certains cas, tant que l on scandera qu un mauvais mari n est pas un mauvais père (alors que si tu es capable de violer te femme devant ton fils, ou de lui envoyer des coups de poings devant lui ou que tu hurles en permanence à la moindre frustration, pardon mais si, c'est être un mauvais père !). Un bon papa protège ses enfants de la violence, et notamment de la sienne, et s il sait qu il a un souci à la gérer, il existe plein de formations et thérapies qui aident à se remettre en question et à revenir sur la voie de la raison et du dialogue.

La fin du livre m a beaucoup plu. Elle n est pas la réalité de la majorité des victimes, mais son optimisme et sa beauté m ont fait du bien. Après ces passages en apnée, il est bon de respirer et de voir que les choses peuvent s arranger. J'ai vraiment apprécié cette touche de couleur en fin de roman, ce bonheur de voir un horizon se dessiner, sachant que même si certaines cicatrices ne s effacent pas, et que les fantômes du passé re surgiront certainement parfois, la vie n est pas terminée après ça. Mieux, elle recommence la où on l avait laissée.

Désolée pour cette longue critique enflammée mais le thème me tient à coeur, l histoire m a touchée, elle m attendait depuis des mois sur le table de chevet, et je préfère rédiger une critique à chaud pour qu'elle soit plus vraie.

Je recommande de livre !
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