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Critique de missk_paris


A travers ce roman autobiographique, François Noudelmann Roman tente de nous expliquer comment s'est fondée la conscience d'être français.

C'est lors d'une conférence philosophique qu'il entreprend de partir sur les traces de sa famille.
La première partie est consacrée à son grand père, Chaïm. Ce dernier a fui la Lituanie et ses pogroms et traversé l'Europe avec sa charrette pour rejoindre la patrie qui a défendu Dreyfus contre le mensonge et l'injustice (et qui n'est pas sans rappeler le parcours d'Idriss la grand-mère de Robert Badinter). Engagé sous le drapeau tricolore pour s'assimiler plus rapidement à sa patrie d'adoption, il fut victime du gaz moutarde et ne recouvrit jamais ses aptitudes et capacités. « Mutilé du cerveau », il sera interné à Ste Anne puis à Cadillac où il finira ses jours parmi les aliénés. L'occasion pour l'auteur de nous faire découvrir un pan de l'histoire française inconnu mais pas très glorieux.

La seconde partie retracera le parcours de son père, à travers un témoignage arraché sur le tard et pourtant tellement poignant et riche, qui oscille entre désastre (la folie meurtrière, les dénonciations, la lâcheté …) et espoir (l'amitié, la vie de saltimbanque). Mais tout comme pour Chaïm, le retour de la guerre ne se fera pas sans mal. Il ne se reconnaît plus dans cette ville / vie qui a continué sans lui. Malgré une timide accalmie, Albert sombrera dans une profonde mélancolie avant le drame final.

Et enfin, la troisième dernière partie est davantage un réflexion philosophique sur l'hérédité, la judéité et la transmission, les trois étant intimement liées.

Ce roman est une traversée de l'Europe au XX° siècle et de ses conflits meurtriers, l'Europe de ceux qui la peuplèrent, qui se croisèrent volontairement ou pas. C'est un roman sur la recherche d'identité, sur la signification de sa judéité quand, comme Albert et François, on a été élevé dans les valeurs laïques et républicaines.
Les deux premières parties sont passionnantes, la troisième est plus ardue. Elle mériterait qu'on s'y penche plus longuement, qu'on y revienne à tête reposée tant la réflexion est grave et profonde (mais intéressante, je ne voudrais pas vous décourager !).
Dans tous les cas, un beau témoignage !l
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