AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de daniel_dz


Un plaidoyer enthousiaste pour exhorter les Congolais à développer toutes les richesses du pays que Léopold II leur a créé. le texte ne manque pas d'informations intéressantes sur l'histoire et les richesses du Congo, mais ses argumentations mériteraient d'être nuancées et approfondies.

Dans ce texte, j'ai apprécié l'exposé très clair de l'histoire de la création du Congo par Léopold II. L'auteur structure en 23 « batailles » les grandes actions du roi pour explorer le territoire, l'occuper et déjouer avec ruse et habilité les tentatives des Français et des Anglais pour entraver sa progression; pour en savoir un peu plus sans devoir lire le livre, je vous renvoie au résumé qu'en a fait Michel (belcantoeu) dans sa critique du 10/08/2029. L'auteur ne nie pas les exactions que l'on a reprochées à Léopold II. Il ne les minimise pas non plus, mais il explique que son objectif n'est pas de parler du passé mais plutôt de l'avenir. Il commence par dresser un inventaire complet (et impressionnant) de toutes les richesses de cet immense pays qu'est le Congo, regrettant que, depuis l'indépendance, les Congolais ne se soient pas montrés capables de les exploiter, faisant au contraire régresser le niveau économique du pays. Il fait porter la responsabilité de cet échec aux dirigeants. Il dresse alors le portrait du dirigeant idéal en prenant en exemple les qualités de « leader » de Léopold II.

Je ne sais pas trop à quel point l'auteur a dû faire preuve d'habileté pour choisir des mots qui ne risqueraient pas de lui attirer des ennuis. Précédemment, il a publié chez le même éditeur « Refonder l'État au Congo-Kinshasa pour stabiliser une nation à la dérive », mais sous le pseudonyme de Max Michel, qu'il cite à plusieurs reprises dans «  Léopold II » comme s'il s'agissait d'une autorité donnant du poids à ses arguments. Ainsi, j'ai souri en lisant à la page 138: «  Ma conviction est confortée aussi par un observateur perspicace du Congo, Max Michel ». Sous cet angle, l'auteur s'est montré habile dans le choix de son sous-titre « le plus grand chef d'état du Congo »: non seulement il glorifie Léopold II, mais en plus, et peut-être surtout, il sous-entend que les chefs d'états suivants ont été moins bons !

Ma connaissance de l'histoire de la colonisation en général, et de celle du Congo en particulier, se réduit à peau de chagrin. Ce livre-ci est l'un de ceux que j'ai lus pour commencer à m'informer à propos des deux questions suivantes : (1) comment est-il possible qu'au 19e siècle des Européens aient encore pu avoir l'arrogance de s'autoriser à s'installer en conquérants dans des pays étrangers ? (2) quel était le dessein profond de Léopold II ? recherchait-il une gloire personnelle ? ou voulait-il sincèrement le bien de la Belgique ? quelle considération avait-il pour les Africains colonisés ? Il n'est pas simple de trouver des réponses à ces questions car la plupart des livres ne sont pas neutres.

Mes commentaires sur ce livre sont donc ceux d'un candide. le texte comporte des informations et des analyses sur ces informations. Je recommanderais très certainement la lecture des informations, qui sont clairement exposées et fort intéressantes. Je parle ici des étapes de la colonisation et de l'inventaire des richesses du Congo. Par contre, je suis moins convaincu de la qualité des argumentations: leur côté excessif me font douter de leur qualité. Par exemple, je suis convaincu que le roi Léopold a eu pour dessein de mettre en place une colonie d'exploitation qui soit la plus productive possible. Mais l'auteur laisse sous-entendre que le Roi se soit également préoccupé de mettre en place une nation, ce dont je doute. Il met entre autres l'accent sur le rôle unificateur de la langue française (et de la foi chrétienne). Je n'en suis pas convaincu, surtout que, par ailleurs, il mentionne la langue lingala comme un des facteurs de cohésion de la Force publique. Les argumentations mériteraient un approfondissement anthropologique. Je me suis par exemple dit que l'histoire d'Afrique noire, pour autant que je sache, n'avait jamais établi une tradition de gouvernement d'un territoire aussi vaste que le Congo; quelques décennies de colonisation ne suffisent pas à pallier ce manque de tradition, surtout si le colonisateur n'en montre pas la volonté.

Cela ne m'empêchera pas de vous recommander encore cet ouvrage, pour les aspects positifs que j'ai mentionnés, ni de saluer l'enthousiasme de l'auteur, à qui je souhaite de tout coeur que son message ait un effet mobilisateur sur ses compatriotes !
Commenter  J’apprécie          154



Ont apprécié cette critique (13)voir plus




{* *}