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Critique de nadejda


Je remercie Babelio et les éditions Salvator pour m'avoir offert ce livre pour lequel je ne vais pas et ne peux pas être indulgente.
 

Il se trouve que j'ai lu il y a peu «Le Cheval rouge» d'Eugenio Corti duquel je pense Michael D. O'Brien est proche puisqu'ils partagent la même foi mais le premier a vécu ce qui fait l'objet de son roman et a surtout su nous faire partager ce qu'il a vécu par la force de son écriture, en l'enrichissant de ses réflexions tandis que le second me parait très distant de son sujet. Ce qui manque surtout à ce livre c'est la puissance d'évocation et le pouvoir de rendre palpable l'émotion. Il reste sur le mode descriptif. le corps participe de la lecture et on doit vivre et ressentir une grande émotion en lisant surtout quand un sujet comme celui-là fait l'objet d'un roman de 800 pages mais ce n'est pas la longueur ni la bonne volonté de l'écrivain qui permettent de donner âme et chair aux personnages et à leurs souffrances. Il ne suffit pas de décrire avec force de détails, encore faut-il les faire vivre. Là, de mon point de vue, ce n'est malheureusement pas le cas.

Pourtant le destin tragique de Jossip qui traverse toutes les souffrances possibles dans cette Yougoslavie déchirée et finit par se reconstruire avait tout pour me retenir et la quatrième de couverture me laissait espérer beaucoup.
Je ne peux résister au désir de joindre deux poèmes de Sidran, écrivain et scénariste, qui a vécu les horreurs de la guerre à Sarajevo qui font partie de son recueil dont le titre est lui-aussi «Je suis une île au coeur du monde» et qui traduisent en quelques mots une souffrance tout à fait comparable à celle que Jossip le «héros» de Michaël O'Brien traverse de son enfance à l'âge adulte. Ces poèmes donnent les larmes aux yeux... Lui-aussi a réussi en conservant sa force intérieure à survivre et résister au Mal.
Cauchemar
la traduction du poème se trouve dans le livre "Je suis une île au coeur du monde", traduction par Mireille Robin.


"Que fais-tu donc mon enfant ?

Mère je rêve. /
Je rêve ô mère que je chante
/ et que tu me demandes en songe «Que fais-tu donc mon fils»


Et que dit la chanson de ton rêve, mon enfant ?


Mère, elle dit que j'avais une maison.
/ Maintenant je n'en ai plus.
/
Voici ce que dit la chanson, ô mère.


Mère, elle dit que j'avais une voix
/ Elle dit que j'avais une langue.
Désormais je n'ai plus ni voix ni langue.


Avec cette voix que je n'ai plus
/ Dans cette langue que je n'ai plus

Je chante, mère, une chanson
Sur la maison que je n'ai plus".


et
SARAJEVO DIT : JE SUIS UNE ILE AU COEUR DU MONDE
Immense est le monde, les continents dérivent 
et le malheur sévit partout, mais ici les choses sont 
différentes : au nord comme au sud, 
la forêt embaume pareillement et cette fragrance
 ne ressemble à rien qu'on ait entendu, vu ni touché.
En vain se dilatent les narines (pour l'embryon, 
le ventre de sa mère n'aurait-il pas justement cette odeur ?)
 Odeur de Rien, qui de la même voix pleure et chante
 car l'amour et le malheur ont ici le même visage,
 tout est semblable. Aux portes de la ville,
des sentinelles saisies d'effroi, des sentinelles
 jqui dorment debout (portées sur une aile invisible),
 mais une voix, toujours la même, les fait sursauter :
 iSarajevo, la foudre t'anéantisse ! A nouveau
quelqu'un m'appelle à l'aide.
 Le désespéré ou le sage, l'enfant, l'aventurier ou le voyou
 devant moi réconciliés ! Tout est un, tout revient au même.
Je suis une île au coeur du monde.
Rien ne m'atteint hormis son sang alangui, hormis
 la peur qui plane au-dessus de nous tous.
 Le silence, et rien alentour.
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