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Critique de Bibliozonard


En 1997, il est plaqué au sol lors d'une descente de police brutale à San Francisco. Arrêté, interrogé, le malaise augmente proportionnellement au manque d'héroïne.
« — Tu vas voir ce que l'État de Californie te réserve.
… je perçois ce goût familier dans ma gorge qui annonce la crise de manque. Juste avant les nausées. Juste avant la diarrhée, les spasmes musculaires, les maux de tête, les sueurs froides. À cet instant, j'ai du mal à imaginer que l'État de Californie puisse m'infliger pire chose que ce que je me prépare à subir. » (P39)

« Ceux qui finiront pendus ne commencent pas par se noyer » (P46)
C'était en 1966, il n'avait que 13 ans quand il entendit cette constatation amère de la bouche de son père. S'ensuit, pour des raisons expliquées et suggérées – d'une certaine manière, surtout quand on a refermé le bouquin — dans le livre, un long tunnel morne d'une trentaine d'années saupoudrées de petits boulots accumulés. Dont le plus important et qui lui tient le plus à coeur encore aujourd'hui ; celui de manager de tournée pour groupe Punk Rock.

Entre L.A., N.Y. et San Francisco où tout va de mal en pi, la dépendance lui transpire des pores. le braquage est sa bouée. Les amis tombent au compte goutte (overdose ou assassinat), la solitude et le danger effraient et guettent. L'angoisse est constante. Les risques pris, à petite dose, pour se procurer de l'héroïne grimpent sur l'échelle du crime. Sans concession, question de survie, pas le temps de penser. Hold-up, c'est le vol d'argent mais c'est aussi une vie volée…

Patrick n'est pas un Jon Roberts sanguinaire, un « American desperado ». Il est le revers de la médaille, la face cachée — qui veut le voir ? — le consommateur détruit par le côté pile du trafic de drogue. Patrick est dans la droite ligne d'un Tony O'Neill (Du bleu sur les veines) et d'un Jerry Stahl (Speed fiction). J'admire ces forces vives qui s'expriment pour être la double face d'une pièce d'espoir et d'encouragements. Ce livre, c'est près de 30 ans d'apathie sous l'auspice de produits toxiques en tous genres. Malgré tout, il a trouvé un filon pour se dégager de l'emprise du narcotique (j'imagine qu'on le découvrira, je l'espère, dans un autre livre). Tout le monde sait que cela relève du miracle. Après coup, je me dis que c'est raconté avec talent pour le plaisir du lecteur. Une image excellente offre un contraste véritable et comique entre le monde apathique de Patrick O'Neil et celui trépidant des finances. Une image qui définit très bien ce décalage entre l'« O'Neil toxic world » et le « Honey & Money world ».

« — Si vous continuez de nous ignorer, l'affaire ira en justice. Vous devrez payer davantage de pénalités et vous risquerez d'être condamné pour fraude.
— Aïe
— Nous pouvons même faire des saisies sur votre salaire.
— Ce serait difficile
— Je crois que vous ne mesurez pas la gravité de la situation
— le prochain son que vous entendrez sera le silence, parce que je raccroche.
— Vous êtes dans une situation très délicate, monsieur O'Neil.
— Je crains qu'il soit un peu trop tard pour dire ça. » (242-243)

C'est droit, intense, sans dérapage, spontané, d'une lucidité sans détour. C'est rock, c'est punk, c'est de l'art. Et même s'il ne voulait pas être un artiste en sortant des beaux-arts à 21 ans, aujourd'hui il en est un accompli. Ce premier ouvrage est une réussite. Big up...
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