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Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 178 à 183, parus en 1968/1969. Les dessins sont réalisés par Mike Sekowski, encrés par Dick Giordano. Les scénarios des 4 premiers épisodes sont de Dennis O'Neil, les 3 suivants de Mike Sekowski. Les épisodes précédents sont accessibles dans Showcase presents Wonder Woman 4 (épisodes 157 à 177, écrits par Robert Kanigher, et dessinés par Irv Novick, Ross Andru et Carmine Infantino). Ces histoires constituent un nouveau départ pour le personnage, et peuvent donc être lues sans rien en connaître.

Épisode 178 - Steve Trevor est accusé d'être un meurtrier, Diana Prince part à la recherche d'une jeune femme porteuse d'une bague à tête de chat qui pourrait lui fournir un alibi. Épisode 179 - Steve Trevor est accusé d'être devenu un traitre à l'armée américaine. Diana doit renoncer à ses superpouvoirs et devient une simple mortelle. Un mystérieux oriental aveugle du nom d'I Ching fait son apparition et l'entraîne aux arts martiaux. Épisodes 180 à 182 - Tim Trench (un détective privé en provenance de Chicago) prend contact avec Diana Prince. Ils constatent qu'ils sont tous les 2 sur la piste du terrible docteur Cyber qui souhaite devenir maître du monde en terrorisant les nations par des actes de destruction. I Ching leur prête main forte. Épisodes 183 & 184 - Arès, le dieu de la guerre, est de retour sur Paradise Island (l'île des amazones où est née Diana) et il a plongé la reine Hippolithe dans le coma parce qu'elle refusait de lui remettre l'amulette permettant de voyager entre les dimensions. Il a pour objectif de raviver les foyers de guerre sur Terre pour gagner en puissance. Diana revient sur Paradise Island pour secourir sa mère.

Les premières aventures de Wonder Woman (personnage crée en 1941, voir Wonder Woman chronicles Vol. 1) sont écrites William Moulton Marston et Harry G. Peter (dessinateur). Suite au décès de Marston, Robert Kanigher (scénariste très prolifique) devient le scénariste de la série en 1947, jusqu'en 1968, soit du numéro 17 au numéro 176. En 1968, les responsables éditoriaux décident de changer radicalement l'orientation de la série, et ils la confient à Dennis O'Neil et Mike Sekowski. Radicalement est un euphémisme. Dès le deuxième épisode, Wonder Woman a perdu tous ses pouvoirs, et Mike Sekowski (qui succède à Ross Andru resté 9 ans sur la série de 1958 à 1967) lui offre une garde robe très fortement influencée par le psychédélisme. La série quitte le genre "superhéros" pour mettre en scène Diana Prince accomplissant des exploits digne de James Bond (Sean Connery).

Évidemment ces épisodes n'intéresseront que les amoureux du personnage Wonder Woman, curieux de découvrir une période atypique de sa carrière. La narration est datée, avec des bulles de pensées copieuses, des personnages en train d'expliquer et de commenter à haute voix ce qu'ils sont en train de faire, des criminels qui veulent devenir maîtres du monde et qui n'ont jamais le réflexe d'achever l'héroïne quand elle est à leur merci, etc. Diana Prince fond devant les charmes de Steve Trevor, comme une débutante au bal. I Ching est une caricature de sage oriental, se battant mieux que tous les hommes de main, alors qu'il est aveugle. Arrivé à la moitié du tome, il prend l'habitude de sortir des maximes de la sagesse orientale, d'une bêtise à éclater de rire. Diana, I Ching et Trench réussissent à tourner en déroute tous les hommes de main que leur envoie le docteur Cyber, quel que soit leur nombre, ou leur armement. La logique pour combattre Arès défie l'entendement : Diana estime qu'il faut l'empêcher de faire la guerre pour éviter qu'il ne gagne ainsi du pouvoir. Elle le combat... en lui faisant la guerre. La lutte contre le docteur Cyber ressemble de près à un plagiat éhonté de James Bond, avec une base sous-marine secrète pour Cyber, gadgets explosifs pour Diana Prince, fuite en hélicoptère, etc.

Et pourtant il se dégage un charme suranné réel de ces aventures simples et grand spectacle. Passé le premier épisode, le costume de Wonder Woman disparaît. Passé le deuxième épisode, le lecteur n'entendra plus parler de Steve Trevor. Diana Prince devient une héroïne bénéficiant d'un entraînement en arts martiaux par un maître aveugle. Elle dispose de magnifiques tenues à base de minijupes et de combinaisons intégrales dans des couleurs pétantes. Elle se rend d'un endroit à un autre, à bord de bolides décapotables très aérodynamiques. Elle envoie valdinguer ses adversaires à grand renfort de prise de judo (ou autre) aussi inédites qu'improbables, avec des commentaires irrésistibles sur la manière dont elle s'y prend. Elle se rend même dans une station de ski dont la population présente une particularité bizarre (il n'y a pas d'enfants). Les 2 derniers épisodes replongent Diana dans l'environnement de Paradise Island, qui semble être une île ayant la dimension d'un continent. Elle devient général d'une armée d'amazones, et va quérir l'aide de guerriers historiques tels Roland (oui, celui de la chanson). C'est n'importe quoi. Seule Diana dispose d'un caractère dessiné à grands traits, les autres personnages n'ayant aucune personnalité ou presque (I Ching étant une caricature risible, il eut même été préférable qu'il dispose de moins de personnalité).

Les dessins sont empreints d'une forme de naïveté propre à cette époque, visible dans le simplisme des décors. Malgré tout Sekowski se donne la peine de varier les environnements, de s'inspirer de la mode pour créer et varier les toilettes de Diana Prince, de reproduire des modèles de luxe pour les voitures, etc. La représentation de la société simili grecque des amazones prête à sourire, celle des guerriers historiques encore plus. Mais étrangement, la description du campement des amazones à la veille de la bataille génère une atmosphère tout à fait crédible.

Si vous êtes allergique aux comics datés, fuyez ce tome. Si vous appréciez Wonder Woman pour ses bracelets, son lasso et sa force, ne vous arrêtez pas pour ces aventures, continuez votre chemin. Si vous êtes curieux de découvrir cette phase atypique, vous pourrez lire ces épisodes, sans effort insurmontable : passer d'une aventure facile à une autre, en constatant un décalque grossier des aventures de James Bond, identifier les éléments culturels datés en tant que témoin de leur époque. Diana Prince continue de voler la vedette à Wonder Woman dans Diana Prince Vol. 2 (épisodes 184 à 189, "The Brave and the Bold" 87 et "Superman's Girl Friend, Lois Lane" 93), toujours par Mike Sekowski.
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