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Critique de JIEMDE


« Comment tu sais tout ça ?
- Parce que je suis bibliothécaire, bordel. »

Et si les bibliothécaires étaient aujourd'hui les observateurs les plus fins de nos sociétés modernes, et particulièrement de nos travers ?

C'est ce que n'est pas loin de penser Lizzie, bibliothécaire à Brooklyn qui en complément de cet emploi vient prêter main forte à son amie Sylvia experte médiatisée des questions liées au changement climatique, pour répondre aux questionnements de ses followers.

Le cumul de ces fonctions la place à un double poste d'observation pour porter témoignage sur le monde tel qu'il dérive, à travers une galerie de portraits des personnages qui peuplent son quotidien, tour à tour loufoques, névrosés, déséquilibrés, insouciants, égoïstes ou narcissiques (liste non exhaustive…).

Mais sous un aspect fantasque où la blagounette pointe son nez ci-et-là, atmosphères de Jenny Offill – traduit par Laetitia Devaux – est beaucoup plus sérieux qu'il n'y paraît, dénonçant une société qui se délite un peu plus chaque jour et des individus en pleine déstructuration.

Heureusement, s'il y a d'un côté le monde qui part en vrille, glissant doucement mais surement vers le chaos qui lui est promis, Jenny Offill lui oppose de l'autre l'espoir d'une naissance et d'une renaissance. Certes fragile et vacillante, mais qui reste cependant une lueur encourageante.

Une faible lueur d'espoir que Lizzie veut conserver malgré tout (sinon, y a quoi d'autre ?), à l'image de son total dévouement envers son frère, dépressif chronique qu'elle soutient à bout de bras, métaphore de ce monde qui sombre mais où baisser les bras n'est pas une option.

D'abord déboussolé – et pas totalement emballé – par un style qui fait la part belle aux successions de notices désordonnées, j'ai fini par m'y habituer et réaliser que cet ensemble saccadé, hyper rythmé comme le quotidien de Lizzie, finissait par faire sens. Offill porte une parole forte, sous une forme certes atypique qui pourra déstabiliser, mais avec une puissance qui reste longtemps en tête une fois le livre refermé.
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