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Critique de CasusBelli


J'enchaîne décidément les lectures étranges avec ce titre qui flirte avec le fantastique, j'écris flirte car bien que possibles, pourquoi pas, les événements relatés dans ce roman sont pour la plupart hors norme et c'est cette accumulation dans l'univers du petit joueur d'échecs qui vont faire de cette histoire quelque chose de marquant, je pense que je n'oublierai pas cette lecture de sitôt.
Le personnage central est réellement atypique, tout commence avec sa naissance compliquée, né avec les lèvres scellées, il est opéré aussitôt et en gardera des séquelles définitives.
Même si le terme n'est jamais employé, notre petit joueur d'échecs est probablement autiste, il parle peu ou pas du tout le plus souvent et va très vite se créer une bulle protectrice avec la complicité bienveillante de ses grands parents.
Sa rencontre avec un maître d'échecs hors norme à tous les niveaux va transformer sa vie, une vie qui sera désormais centrée sur les échecs en permanence, où les gens seront parfois incarnés par des pièces d'échecs, où chaque partie jouée résonnera comme une partition musicale, car pour le petit joueur d'échecs il n'y a pas d'adversaires, mais des partenaires révélant leur sensibilité pour exprimer une chorégraphie.
Quand on vit sa vie comme une partie d'échecs perpétuelle, la maîtrise du jeu permet de garantir la solidité du refuge que l'on se construit, la sécurité en dépend.
Je crois que chaque lecteur aura sa sensibilité particulière pour parler de ce livre, car cet univers mélange habilement le réel et le fantastique, tout ce que vous lirez dans ce roman est possible bien qu'improbable. Tous les personnages qui vont compter pour "Little Alekhine", surnom donné à notre petit joueur d'échecs, se révèleront au minimum originaux, et la succession d'événements qu'il va vivre, pour le moins à la limite de l'incroyable.
L'auteur connaît les échecs, c'est un fait, tout est là, les évocations de champions du passé, Caïssa (divinité associée aux échecs), le turc, automate légendaire ayant notamment joué contre Napoléon,
les différents aspects de la pratique, parties classiques, jeu en aveugle, parties en simultanées.
Il y a surtout l'évocation de cette dimension philosophique, étrangère au "joueur du dimanche" mais que tout joueur d'échecs confirmé connaît, à savoir qu'une partie d'échecs révèle beaucoup de ce que nous sommes par ce que l'on exprime sur l'échiquier où l'on joue symboliquement sa vie à chaque partie. Les échecs sont un monde à part et demandent un gros investissement personnel, aussi bien en temps qu'intellectuellement, un monde avec ses codes et son langage auxquels on s'initie petit à petit.
Vous trouverez un peu de tout cela dans cette lecture qui peut donc se faire à deux niveaux selon que l'on connaît ou non les échecs.
Histoire de donner un peu plus matière à réflexion, sachez que la devise de la F.I.D.E (fédération internationale des échecs) est : "Gens una sumus" qui se traduit littéralement par "Nous sommes un peuple" ou "Nous sommes une famille".
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