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Critique de Eve-Yeshe


Ce roman est un uppercut dont je suis sortie complètement sonnée, je l'ai terminé il y a une semaine et j'ai encore du mal à en parler…

« Elle ne sait pas comment elle s'appelle. Elle ne sait pas dans quelle langue sont ses rêves. Elle se souvient de mots en arabe, en turc, en italien, et elle parle quelques dialectes. Plusieurs viennent du Soudan, un autre de Vénétie. Les gens disent : « un mélange ». » P 13

C'est ainsi que débute le roman de Véronique Olmi qui nous raconte l'histoire de Bakhita, que son père avait présenté à la lune, avant de lui donner un prénom qu'elle oubliera car sa vie est loin d'être un long fleuve tranquille.On va suivre son parcours de l'esclavage à la canonisation.

A l'âge de sept ans, elle est enlevée, arrachée à sa famille, pour être vendue comme esclave, et doit marcher avec son amie Binah, parcourant ainsi trois cents kilomètres, rien qu'au Soudan, pour arriver au grand centre caravanier d'El Obeid, plaque tournante de tout type de commerce… Un quart des esclaves va mourir en route…

La description de ses longues marches, dans des conditions inhumaines, est tellement belle qu'on marche avec elle, on voit les paysages évoluer à travers ses yeux, on sent les coups… elle est très émouvante, insupportable souvent.

On côtoie aussi les eunuques, les tortures immondes infligées par des maîtres, pour le plaisir, pour affirmer leur puissance et tuer dans l'oeuf l'idée même d'une rébellion : le gong qui est le signal du fouet, pour rien, le jeu du torchon, sans oublier les séances de tatouage qui peuvent coûter la vie…

Elle va être vendue plusieurs fois, essayer de s'enfuir, en vain. Pour finir, elle sera ramenée en Italie, en guise de souvenir comme on ramène un trophée ou un objet du pays qu'on est allé visiter. Là, elle découvre un autre monde, où on peut se promener librement, mais la pauvreté est là.

Une seule fois elle va dire « non » et cela changera sa vie: elle préfère rester au couvent plutôt que repartir avec ses maîtres.

On va lui demander de raconter ses souvenirs, encore et encore, et cela deviendra « La storia meravigliosa », qui sera exploitée par le régime de Mussolini.

« le feuilleton de sa Storia meravigliosa décrit « sa rencontre avec son ange gardien ». elle, ne nommait pas ainsi cette nuit de la consolation. C'était un mystère et un espoir, c'était surtout une envie de vivre encore, l'interstice par lequel passe la dernière force humaine, avec la certitude fulgurante et violente de ne pas être totalement seule. » P 67

La capacité de résilience de la petite fille, puis de la femme, la manière dont elle distribue l'amour autour d'elle suscitent l'admiration. Tout ce qu'elle a enfoui au plus profond d'elle-même, son corps tentera de l'exprimer…

Véronique Olmi a très bien réussi à retracer ce parcours et à nous faire aimer, admirer cette petite fille au destin si particulier qu'il ne peut que rester gravé dans la mémoire du lecteur.

On pouvait avoir l'illusion que l'esclavage avait été aboli, mais les évènements récents nous montrent bien qu'il n'en est rien.

Coup de coeur donc…
Lien : https://leslivresdeve.wordpr..
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