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Critique de Edmengarde


Allez, petite question facile! Si on vous dit agreg ou encore agrégé(e), vous répondrez certainement… intello, grosse tête, concours, sélection, prof, quoi. Bonne réponse, normalement … mais pas dans ce roman qui porte bien son titre « désagrégé(e) ».
On y suit les aventures de deux jeunes hommes : Arthur, fraîchement estampillé agrégé, et de César, qui, lui, trône en première place … sur la liste complémentaire. Bien maigre consolation. Et toute l'histoire part de ce tout petit détail. Après une terrible année à jouer les cavernicoles ou les rats de bibliothèque, histoire d'essayer d'ingurgiter tout l'ambitieux programme de l'agrégation, César doit se contenter de regarder la procession passer. Il n'est pas agrégé, juste sur liste complémentaire. le voilà donc désabusé et fauché, à l'aube de vacances pourtant bien méritées.
Les deux amis projettent de partir à Cuba. L'occasion rêvée pour César de mettre à exécution un plan terrible, mais d'une simplicité déconcertante : éliminer son ami Arthur pour devenir ainsi agrégé, devenir légitime. On les suit alors dans une étrange odyssée qui met en scène deux individus finalement bien médiocres, et réduits à deux organes primaires : leur oesophage et appendice sexuel. Insensibles aux beautés et à la culture de cette île, ils se perdent dans des litres de rhum et dans les bras de jolies Cubaines lascives, ou des Européennes. Chaque nouvelle rencontre plombant un peu plus l'atmosphère, esquissant les lignes d'une société nonchalante, débauchée, à la dérive. Alors, déconcertés, on s'interroge : où sont passés nos clichés du bipède érudit ? de celui qui incarne une certaine élite de la nation ? Disparus, tout simplement. Ne reste que l'image de deux touristes sexuels, perdus et fades. Comme si cette année de concours les avait vidés de toute substance, de toute humanité, de leurs rêves. Comme si cette agrégation était une fin en soi, et non un tremplin.
La dernière page tournée, le roman imprime une profonde amertume dans nos esprits. le style est percutant, alternant phrases lapidaires et d'autres plus loquaces. L'intrigue tient en haleine, tout en heurtant certaines convictions. On laisse cependant avec un certain soulagement César et sa logique glaçante…
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