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Critique de inesdbo


Comme je n'ai pas aimé lire ce bouquin !

Un portrait qui bouge dans tous les sens ; les lignes approchent mes yeux comme mon regard qui sauterait d'un point fugace à une silhouette en mouvement.

Succès d'avoir dépeint toutes les situations de l'Europe pré et post 1939 dans l'intervalle d'attente du convoi du cercueil de Romain :  « une grande âme collective, faite d'une foule d'émotions minuscules et séparées, naissait autour de ce qu'il était et de ce qu'i n'était plus ».

Comment Jean finit par exécuter le conseil de Viktor et à ne raconter, finalement, que l'Histoire alors qu'il voulait déverser la vie — la vie de Romain étant éparpillée partout dans l'espace-temps.

Reloues ces phrases évidentes & évidées sur la mort, du type « la grande affaire de la vie, c'est la mort ».

Me faire piéger par Jean : il avoue s'étonner de l'ironie du fait qu'il écrive sur Romain alors que romain ne voulait « ni fleurs ni musique ni même son nom sur une pierre ». Mais il l'avoue avant que je me fasse la remarque - moi trop bulle et fatiguée. « Il ne voulait rien du tout et je lui donne des mots ».

Quelle importance de savoir si romain a existé ou non ? L'histoire par le petit prénom.

« Il été jeté dans son trou et il attendait que la terre sur laquelle il avait dansé vienne l'écraser de son poids et le suffoquer à jamais ».


Le Quemenec qui reçoit le Goncourt, et le prix que payent ses sentiments. « Il était peut-être assez sûr de son talent pour mépriser l'échec ; il n'en était pas assez sûr pour assumer le succès ». L'appel aux lois mathématiques, comme le principe de Peter disant que « tout individu tend à s'établir à son niveau d'incompétence maximum ».

« J'ai beaucoup d'amis que je n'aime pas, me disait [Romain]. Mais celui-là, je le déteste ».

« Il fallait prendre sur soi pour être libre. Il fallait prendre sur soi aussi pour être gai. Romain prenait sur lui ».

Le mot « hysteresis » que Jean me fait découvrir en employant « hysteresis d'horreur ».

Le court récit de l'histoire de Bianca Cappello (époque de Montaigne); et le mythe laissé dans les pages écrites par Jean.

Et Jean qui replonge encore dans les méditations sur le temps ; elles me plaisaient, au début, avec l'avènement d'un temps éternel, mais les pages trois cent se perdent.

Essoufflement de la narration, Jean qui se répète et poursuit ses réflexions philosophiques, à déblatérer des balbutiements, en même temps que la fatigue commence à peser sur les personnes présentes aux funérailles. La fatigue pour tous, Jean nous impose la pesanteur du cimetière, de la cérémonie, en bégayant dans sa tête ses pensées et en créant une écriture épanche et étirée. C'est éreintant. « La fatigue pesait sur nos épaules à tous » page 307.

« J'étais le maitre d'un monde qui me dépassait de partout » page 313, et l'épopée des présents qui s'entrechoquent dans cette page, et l'utilisation abondante si l'on relit du mot « innombrable ».

Romain si admirable qui a engendré la création d'un amour de toute pièce - aurelienesque chez Jean pour Marina.

A la page 321 la libération ; de Jean, du roman, de moi la lectrice. « Le défilé était terminé » et toute la tension de l'enterrement retombe, je veux croire que le roman poursuit désormais le présent et non plus le présent des souvenirs liés à Romain. Qu'ils et elles dansent désormais. Alors que c'est la narration qui me piège, le présent de l'enterrement et l'envie de départ enchaîné avec le récit des voyages de Marina et Jean dans les années 1970. Crainte que Jean ne replonge finalement encore dans son passé, mais cette fois dans celui avec Marina.

La narration à la première personne du pluriel dans les pages 320, semblable à celle des Guerrilleres de Wittig pour décrire le quotidien qui est aussi une lutte, lutte totale et complète et permanente contre l'endormissement de la vie à repères ; comme le principe dadaïste qui prône « la vie sans pantoufle ni parallèle ».

Les raisons de la détestation de Marina vers Jean, et comment c'est si simplement expliqué, comment nous pouvons nous y rattacher et Jean trouve les mots logiques pour nous.

Le temps long de la fausse philosophie est passé, quelle accélération dans les pages 330, c'est un embouteillage.

La justesse de dire « Quand je pensais à ce qu'avait été ma vie dans les années Marina » : séparer le temps par les amours.

Qu'est-ce que Romain ? Tout ce dont Jean rêve et frôle ?

Utilisation pour la première fois de l'expression « voyez comme on danse » page 344 ; sournoise qui se glisse entre deux virgules et le souvenir de moi qui voulait choisir un livre léger pour mon voyage en egypte : la danse n'est qu'une farandole de pantins dans les mains de Romain, désarticulés qui ne s'arrêtent pas de tourbillonner. le rythme et les mouvements sont indépendants des personnes qui les effectuent, une ritournelle presque morbide au nom de la vie.

Excès de bonheur ?

Quel lien entre romain et l'intemporalité ? Romain qui régnait moins bien sur les autres en vieillissant, possibilité qu'il s'amenuise ; il n'a pas réussi à tuer le cours du temps. Comme la fin de l'histoire selon Fukuyama.

La discussion entre les quatre hommes dans la voiture de Jean en quittant l'enterrement : tellement ridicule et en même temps un échantillon des interrogations que les lecteurs et lectrices peuvent avoir en lisant le livre de Jean, à eux quatre ils pensent sur le livre de romain.

Le fait page 371 que Jean ne se rappelle plus de ce qu'il débite mais seulement que c'est Jean qui le lui a appris : que ça qui compte, les livres et les références meurent mais pas celui qui force l'ouverture dans [nos] vies avec.

Et Jean qui emploie enfin le « je » dans son arrogance narrative page 377 : 377aine de page pour que sa fierté? éclaircice enfin le roman : « j'étais le monde entier puisque j'étais capable de le penser » « j'étais la vie à venir ». Oh comme je l'apprécie et le déteste à la fois.

La discussion entre les quatre hommes, encore, éternisante dont je me languis tellement, qui est prétexte à justifier les délibérations « philosophiques » de Jean en n'en offrant, dans un dialogue direct, qu'un échantillon simplifié, pour que ses réflexions paraissent plus puissantes ?!

Une bonne fin enfin, toutes dernières lignes et la folle en rouge. Vive les folles en rouge.
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