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Critique de PhilippeCastellain


Un livre mythique d'un auteur mythique, offrant une plongée dans le mythe des brigades internationales… Ca fait beaucoup de mythes d'un coup tout ça. Plus prosaïquement, on découvre à quel point l'espoir faisait vivre les républicains espagnols… Et à quel point ils étaient divisés et mal commandés.

Épris d'idéalisme, ils venaient des quatre coins du monde combattre le fascisme, et faire triompher la liberté… Mais les combats qu'Orwell eut l'occasion de voire de plus près furent ceux qui opposèrent communistes et anarchistes à Barcelone, en mai 1937. Ils venaient venger les fusillés de Badajoz… Mais ce furent les balles des leurs qui tuèrent leurs deux grands leaders, Andreu Nin et Durruti. La France et l'Angleterre refusaient de vendre des armes… Mais c'étaient les communistes qui refusaient d'approvisionner en munitions les brigades anarchistes.

A la vérité, ce qu'on réalise en lisant les lignes d'Orwell, c'est que chacun poursuivait un but différent. Les uns étaient là pour faire triompher l'anarchie. D'autres le soviétisme. D'autres le trotskisme. D'autres encore le marxisme non partisan. Mais au fond, personne n'était là pour la deuxième république espagnol, un régime totalement à bout de souffle, trahi par ses alliés extérieurs, incapable de rétablir l'ordre sur un territoire sur lequel il n'avait en fait qu'un très vague contrôle, et totalement dépourvu d'autorité face aux milices politiques dont dépendait sa survie.

Si on y ajoute un manque total d'organisation et un commandement militaire visiblement à la ramasse et planifiant ses offensives à la Nivelle – vague après vague d'hommes faces aux mitrailleuses et aux barbelés – on a du mal à voir comment les républicains auraient pu gagner la guerre, même sans la Légion Condor et la supériorité d'équipement en face... Et plus grave encore, on réalise qu'une victoire républicaine n'aurait pas ramenée la paix, chaque faction républicaine jouant un jeu de dupe, et aucune n'ayant d'avantage net sur une autre.

Oeuvre cassant in fine plus de mythes qu'il n'en construit, ‘Hommage à la Catalogne' n'en reste pas moins un chant à la liberté, et à une cause qui fut trahie, dévoyée, corrompue, mais pour laquelle moururent des milliers d'hommes.
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