AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de djdri25


L'histoire principale est celle D'Ugolin/Galinette et son oncle surnommé le Papet, deux paysans vivant aux Bastides, village situé près d'Aubagne, un jour, ils trouvent un marché fructueux dans la cueillette et la revente d'oeillets mais pour développer l'affaire, l'eau est vitale. C'est là que le bât blesse car ils ont trouvé une source cachée et oubliée de presque tous, cette manne se trouve sur le terrain de Jean de Florette, le héros éponyme.
Ce dernier, ancien percepteur, va hériter de la ferme et s'y installe tout en faisant de grands projets agricoles pour sa famille. Ce qui contrarie les projets du Papet et de Galinette.

C'est à partir de là qu'une mécanique infernale va s'enclencher.

En toile de fond, Pagnol décrit longuement la faune et la flore méridionale, c'est dans ce décor aride que les personnages peu scrupuleux, ignorants, incultes, méchants (notamment le Papet et Hugolin) vont parler, décider et agir à l'encontre de Jean de Florette.

Leurs mentalités sont étriquées, les villageois rejettent les étrangers (ceux qui viennent de la ville ou tout simplement d'un autre village) Pagnol décrit aussi les rivalités pour les terres, les possessions, ce sont les animaux qu'on braconne, les fleurs et les légumes que l'on vend. Il y va de la survie de ces paysans. On découvre également les haines viscérales entre les familles qui causeront le malheur des Soubeyran et celle de Jean de Florette et sa famille. La jalousie entre ceux des Bastides dont font partie Hugolin et le Papet et les habitants de Crespin (Jean de Florette) va aller jusqu'à la vengeance et les conduire à la tragédie finale.

A travers ses personnages et leurs actions, l'auteur dénonce la noirceur de l'âme humaine et ses motivations profondes et complexes, ce n'est pas simplement un roman du terroir, Pagnol nous plonge dans les tréfonds de l'âme humaine avec ses vicissitudes et ses recoins obscurs, la peur et la lutte pour la survie également.

Les manigances et les manoeuvres diaboliques du Papet et d'Ugolin pour faire tomber Jean de Florette sont mises au premier plan. Les traits et les caractères des personnages principaux sont grossis, Pagnol en fait ressortir la sauvagerie, leurs actes sont primitifs parfois calculés (notamment ceux du Papet) mais obéissant à leurs instincts et surtout agissant selon leurs intérêts quitte à anéantir son prochain par l'hypocrisie, la manipulation, le mensonge, la duperie, la ruse, la dissimulation, la rétention de l'information. L'ignorance, la peur du manque, la cupidité qui en découle sont aussi à l'oeuvre. C'est l'être humain dans toute sa splendeur qui est mis en scène

Pour donner plus de force à ses personnages souvent incultes, parfois instruits, l'auteur se met au niveau de chacun. Il utilise tous les niveaux de langues pour mieux les ancrer dans leur milieu (la classe sociale, le niveau d'instruction), leur environnement (le Midi) et leur époque (le début du 20e siècle.) L'auteur fait un large usage de la langue orale locale, régionale notamment dans les dialogues ; les expressions régionales et l'accent méridional sont déployées à merveille. On lit et on entend les personnages parler une langue naturelle sans fioriture qui se contrefiche des conventions linguistiques, une langue fonctionnelle et pragmatique, celle de la communication directe en ce qui concerne les paysans ignorants et une langue plus académique lorsqu'il est question des gens de la ville, instruits.

Ce duel pour l'eau, la source opposant les Soubeyran et Jean de Florette captive l'intérêt du lecteur et le sidère par sa nature outrancière et dichotomique ; la haine poussant la Bêtise d'une part, la candeur et l'aveuglement de l'autre. L'intrigue n'en est que renforcée. C'est une véritable déclaration de guerre pour l'eau qui véhicule l'argent !

Le malheur final et la réaction d'Ugolin à celui-ci montre qu'il a gardé une once d'humanité, il a été manipulé par son oncle pervers bien que tenant toujours à son projet, quant à Jean de Florette, il est victime à la fois et paradoxalement de son savoir, de sa générosité, son idéalisme, son désir absolu de retour à la terre de ses ancêtres assortie malheureusement de son ignorance sur la réalité des lieux et des mentalités.

Lorsque j'ai lu le livre, je revoyais les scènes du film de Claude Berri que j'ai trouvé assez fidèles mais je suis surtout épatée par le choix des acteurs (D. Auteuil, G. Depardieu, la petite fille/ Manon, Y. Montand) qui jouent à merveille les rôles attribués avec beaucoup de précision et correspondent tout à fait aux personnages du roman. La musique du générique est magistrale.

Commenter  J’apprécie          402



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}