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Critique de Arakasi


Quelques années se sont écoulées depuis la fin tragique de « Jean de Florette » et les villageois des Bastides Blanches auraient depuis longtemps oublié le passage parmi eux du malheureux Jean Cadoret si sa femme et sa fille, la petit Manon, n'étaient restées vivre dans les bois. Celle-ci a bien grandi et est devenue une splendide jeune femme. Elle a conservé une rancune farouche contre les habitants du village et particulièrement contre Ugolin Soubeyran dont elle devine le rôle funeste dans la mort de son père. Haine sans véritable motif et, par conséquent, haine inassouvie jusqu'au jour où elle découvre par hasard le fin mot de l'histoire. Une source existait sur les terres de son père et les Soubeyran l'ont bouchée, puis on laissait Jean se crever à la tâche sans tenter de le sauver. On se doute qu'après une pareille révélation elle a bien la rage, la petiote, et pas seulement contre les Soubeyran, mais contre tous les hommes des environs et leur silence complice. Elle n'a plus qu'une idée en tête, se venger, et quel meilleur moyen pour cela que le fléau qui a causé la perte de son père : l'eau, celle belle eau des sources, si pure et si fraîche, sans laquelle les Bastides Blanches seraient vite réduites à un village fantôme et les beaux oeillets d'Ugolin à des brindilles desséchées.

Il faut le lire pour le croire, mais « Manon des sources », c'est bel et bien de la tragédie classique au milieu des buissons de romarin ! On y retrouve tous les éléments d'un bon petit drame à l'ancienne : meurtre, culpabilité, innocence sacrifiée, amour destructeur, jalousie dévorante… Enlevez un « galinette » et un « fada » par-ci, par-là, et les Soubeyran, ce sont les Atrides ressuscités (et avec l'accent du sud en plus). Et, comme tous les personnages de tragédie, ils subissent plus qu'ils ne provoquent la marche du destin. Une fois que le doigt vengeur de l'écrivain s'est posé finalement sur eux, on finirait presque par les prendre en pitié, particulièrement le pauvre Ugolin déchiré entre sa conscience malade, l'appât du gain et son amour naissant pour la belle Manon. A noter que cet aspect dramatique n'exclut pas d'excellentes scènes humoristiques comme l'hilarante arrivée d'un expert en phénomènes souterrains au village pour en régler les problèmes d'eau et son magnifique « Monsieur, j'ai l'honneur de vous informer que l'administration vous emmerde ». J'ai beaucoup ri et un peu chouiné aussi, car il faut bien reconnaître que c'était très émouvant tout ça et qu'arrivée aux dernières pages du roman, j'ai dû fourrer mon nez dans la couverture de mon livre pour ne pas pleurnicher ouvertement devant mes voisins de bus. Décidément, deux excellents romans !
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