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Critique de LivresGay


C'est en forgeant qu'on devient forgeron, comme on dit, et ce n'est pas faux. J'apporterais cependant la précision qu'on devient surtout bon forgeron en forgeant. En appliquant ce dicton à l'écriture, ça veut dire, plus on écrit, plus on écrit bien. C'est le constat qui s'impose à moi, en tout cas, après la lecture de ce deuxième roman du jeune auteur Florian Parent. Nous avons déjà parlé de son premier roman Retrouve-moi ce soir sur le site, et j'ai conclu mon retour de lecture par les mots « Il me reste un deuxième livre de Florian Parent à lire ; à voir si je suis davantage conquis par celui-là. » Eh bien, pour ne pas vous faire lambiner, ce deuxième livre est celui-ci, justement ; et la réponse est un oui sans tergiversation.

Dans Ne pars pas, on suit l'histoire de Lucas et Paul. le premier est un jeune étudiant parisien voué à devenir ingénieur (choix dicté peu ou prou par sa maman) ; le deuxième un New Yorkais qui débarque en France pour poursuivre, lui aussi, ses études (en économie, dans son cas). Tombe le verdict du confinement n°1. Lucas vient de sortir d'une relation toxique et a réaménagé dans l'appartement de ses parents ; Paul loue leur studio, situé un étage au-dessus. Les deux jeunes hommes se rencontrent, ils se plaisent, ils se séduisent, ils démarrent une belle histoire d'amour. Tout semble parfait : le partage, l'entraide, la force de leur sentiments. Ils deviennent inséparables, ils sont un couple modèle.

Mais la vie réserve parfois de drôles de surprises. Lucas, qui a un faible ainsi qu'un immense talent pour la confection de savoureuses pâtisseries depuis tout petit, change son fusil d'épaule et ouvre sa première boutique à Montmartre. Paul, lui, se fait embaucher par une start-up australienne pour s'occuper d'une mission chronophage et ultra-secrète dont il n'est pas autorisé à divulguer le moindre détail, même pas à son amoureux. D'ailleurs, au départ, il eût été dans l'embarras d'enfreindre cette règle, tellement il ne sait pas trop lui-même en quoi elle consiste. Jusqu'à ce que tout s'emballe, que tout change, et que la romance de départ devient un roman à suspense qui m'a tenu en haleine…

Ah, si je racontais les retournements de situation, ce serait un spoiler épouvantable ! Je m'abstiens, donc. Tout en maugréant, car donner mon ressenti avec davantage de précision va s'avérer fort compliqué. D'ailleurs, je trouve que la quatrième de couverture en dit déjà trop, sur la véritable trame de ce livre (je la trouve très vendeur, en même temps).

Alors, la construction du roman ? Elle suit une recette qui a fait ses preuves. Deux points de vue, qui alternent de chapitre en chapitre : celui de Lucas maintenant (il faut savoir quand même que ce « maintenant » se situe en 2034, dans le livre), puis celui de Lucas (et parfois de Paul) au fil des années, depuis leur rencontre jusqu'à rejoindre le présent (donc 2034, justement – vous me suivez, là ?). Les deux protagonistes portent l'histoire à la troisième personne, et en tant que lecteur.trice, il ne faut pas être allergique au passé simple car c'est le temps choisi par l'auteur (perso, ça ne me pose pas de problème du tout). On a aussi droit à quelques flash-backs pour mieux comprendre les personnages.

Pour le style, on retrouve la plume directe et entraînante de l'auteur. Il sait manier les mots, sait les faire vivre et vibrer, il n'y pas de doute. Parfois, un adjectif ou une tournure pouvaient me paraître un poil trop empesés (moins peut faire plus, dans certains cas), des actions de certains personnages légèrement trop emportées, et des passages de choses racontées au lieu d'être montrées persistaient çà et là. Oui, je dois aussi faire remarquer qu'une bonne relecture n'aurait pas été du luxe (j'ai imaginé les commentaires que ma propre relectrice, excellentissime, m'aurait laissés, du genre « M'enfin, Didi ! »). Des imparfaits sans justification, des formes de passé simple erronnées, quelques autres fautes d'orthographe qui font mal aux yeux. Mais dans l'ensemble, je trouvais ce roman plus fluide que le premier, il me faisait plus rentrer dans la peau des personnages, me faisait souffrir, sentir les papillons, et palpiter – surtout vers la fin, j'avais cette envie urgente de continuer à lire tout en voulant me cacher les yeux, du genre « Non, non, non, n'y va pas, ça va mal se passer, j'en peux plus ! » Oui, pour le suspense, j'étais bien servi, à peu près à partir de la deuxième moitié du roman, quand le cadre était planté, les zones d'ombre dessinées, et que j'avais plus de questions que de réponses.

Car oui, c'est surtout l'histoire que j'ai trouvée excellente. Je n'en dirai pas plus (toujours ma réticence de vous spoiler), mais disons qu'il y a du noir corbeau (ô deuil et désespoir !), du lumineux (ah, une belle romance – je suis preneur), et du paranormal qui, en y regardant de plus près, ne l'est peut-être pas tant que ça. L'auteur joue avec le possible plus qu'avec le probable, et il le transforme en véritable machine à suspense. J'ai fini le dernier tiers d'une seule traite, et la personne qui m'aurait appelé à ce moment-là se serait fait recevoir en beauté.

Donc, oui, j'ai été emballé, parfaitement emballé par ce deuxième opus de Florian Parent. Un savoureux mélange d'histoire d'amour (de la rencontre à une première fin tragique à une deuxième fin plus positive), de thriller sci-fi, et de conte prédictionnel et dystopique. À vous maintenant de vous faire séduire par ce livre, que malgré les petits bémols évoqués plus haut, je recommande.
Lien : http://livresgay.fr/ne-pars-..
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