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Critique de StCyr


StCyr
11 décembre 2021
"Et avertis l'esprit de Faust qui galope à travers les espaces", telle est l'ultime injonction sur laquelle se clôt ce Palinure de Mexico. Diantre! Que ta plume a galopé Fernando! Qu'il nous fut difficile de suivre l'amble de ton esprit de démiurge !

Palinure veut suivre la carrière du mythique Asclépios, collectionne tous les objets et ustensiles nécessaires à la pratique de l'art, mais il n'a pas le coeur assez solidement accroché pour ce faire, déambule en la faculté de médecine, se gargarisant de mots savants, le crayon à la main, revisite les chefs-d'oeuvre plastiques, façon planche anatomique, et échoue finalement dans une agence de publicité. Singulier produit d'une famille d'originaux, il connait sa cousine au sens biblique du terme, et dans sa chambre d'étudiant s'adonne à des joutes oratoires, iconoclastes et dada avec ses camarades.

Les mots manquent pour qualifier un tel objet tant la tentation d'hyperboliser est grande. Disons que le roman est composé de chapitres qui, chacun, s'apparente au morceau de bravoure. Les grandes figures baroques du roman sont ici invoquées : Rabelais, Swift, Sterne, Joyce et tant d'autres. L'imagination formelle de l'auteur, alliée au ludisme total de l'exercice, en fait une oeuvre à part. On pourrait dire que dans la radicalité de son exubérance ébouriffante (hyperbolisme nous voilà !) le Palinure de del Paso serait digne d'être encapsulé, en tant que représentant de la littérature latino-américaine, pour un envoi avec d'autres échantillons de la production fictionnelle des hommes, bouteille à la mer intergalactique, à destination des entités extraterrestres, testament de notre espèce depuis longtemps disparue. Avertissement préliminaire : la forme échevelée du récit, le penchant de l'auteur pour l'énumération jaculatoire, éructante et érudite, confine à l'ad absurdum voire à l'ad nauseam, avec des fortunes diverses, selon le chapitre et le lecteur. Mais ça n'est pas aussi hermétique, élitiste que Joyce, loin s'en faut. Une chose est sure, l'indifférence est impossible en face d'un tel ouvrage. Pas de moyen terme : ce sera "oeuvre culte" ou "farsi il culo".
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