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Critique de raton-liseur


J'ai acheté ce livre il y a de nombreuses années à la librairie du Québec, à un moment où je découvrais la littérature francophone d'outre-Atlantique. Ce livre bilingue (inuit-français) est un objet assez particulier avant tout parce qu'il permet de découvrir une écriture que je n'avais jamais vue avant, faite d'étranges symboles plutôt géométriques. C'est aussi un livre témoignage puisque, comme répété à l'envi, sur la quatrième de couverture, dans les différentes partie de l'introduction et je ne sais où encore, il s'agit du premier roman inuit publié. Je me suis aperçue que la traduction française a été établie à partir de la traduction anglaise, ce que je déplore, d'autant que j'imagine qu'il doit bien exister des traducteurs de l'inuit au français. Mais j'ai tout de même lu ce livre avec plaisir et intérêt. L'objet est d'ailleurs agréable à tenir en main, avec sa couverture aux couleurs sobres et au toucher épais et rugueux.
Dans son court avant-propos, Markoosie, l'auteur, indique qu'il raconte ici une histoire qu'il a maintes fois entendue raconter enfant, elle fait partie de son patrimoine oral et il a décidé de l'écrire pour qu'elle ne se perde pas. Et cette histoire est dépaysante lorsqu'on la lit avec nos yeux d'Occidentaux. C'est une histoire de solidarité, de passage à l'âge adulte, de responsabilité, de dépassement de soi. On sent le froid, on sent la faim, on sent l'effort, on sent le dépassement de ses propres limites. On ressent la vie telle qu'elle peut être dans des milieux aussi hostiles, et pour moi qui suis particulièrement frileuse, j'apprécie de lire ce type de roman cachée sous ma grosse couette.
Mais le livre n'est pas que dépaysant, il est déroutant aussi. Dès sa parution en anglais puis en français, il a été classé en littérature jeunesse, ce qui hélas a probablement nui à son rayonnement. Mais je ne donnerais certainement pas ce livre à lire à des enfants. En effet, au-delà des scènes de chasse et de randonnées harassantes, ce livre questionne ouvertement le sens de la vie, les raisons que l'on a (ou que l'on n'a pas) de continuer à vivre, de se battre pour survivre, et la fin est tout à fait inattendue.
Markoosie a entendu cette histoire enfant. Manifestement l'éducation des enfants inuits à son époque diffère profondément de l'éducation occidentale actuelle. Cela en dit probablement aussi assez long sur la façon dont on prépare ses enfants aux tâches, responsabilités et défis qui les attendront adultes. Et c'est un livre très intéressant à lire en tant qu'adulte.
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