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Critique de Pasoa


Pasoa
27 novembre 2023
Après Travailler fatigue, je reviens vers Cesare Pavese avec l'autre recueil qui a beaucoup marqué son oeuvre poétique : La mort viendra et elle aura tes yeux (Verrà la morte e avrà i tuoi occhi).
Publié à titre posthume en 1951, cet ouvrage composé de deux courts livrets (le premier écrit d'octobre à décembre 1945, le second de mars à avril 1950) témoigne d'un moment particulier dans la vie de l'écrivain et plus particulièrement dans l'approche de son travail.

L'ambition chez Pavese, de renouveler le genre poétique en créant un récit imaginaire qui soit à l'image de la réalité, de son vécu, l'attachement au mode lyrique qui vont faire le succès de Travailler fatigue, vont être suivis d'une profonde remise en question chez Cesare Pavese. le désaveu de sa création poétique va faire naître chez lui un doute existentiel. Pouvait-il en être autrement chez cet homme qui n'envisageait la vie que comme le récit intérieur d'une fiction ?

Sa rupture amoureuse au printemps 1950 d'avec l'actrice américaine Constance Dowling - à qui il dédie le recueil – va accentuer chez Pavese ce doute, cette confrontation à son écriture et à lui-même. C'est ce mal-être qui imprègne La Mort viendra et elle aura tes yeux.
Dès Travailler fatigue, l'image structure la poésie de Pavese, elle est même considérée comme l'essence de sa poésie. Mais quand le poète vient à s'interroger sur ce qui fonde la part imaginaire, Pavese ne trouve rien qui lui suffise, il pressent une poésie sans structure, de circonstance, qui se referme sur elle-même. Il va même jusqu'à douter de l'honnêteté et de la nécessité d'écrire de la poésie.

Ce désarroi est perceptible dans la plupart des poèmes de la Mort viendra et elle aura tes yeux. Même dans de très beaux textes, on sent l'écriture de Pavese évoluer comme dans une atmosphère raréfiée, donnant l'impression d'une poésie qui s'essouffle, qui ressasse (c'est particulièrement vrai dans les poèmes de 1945). Ce fait n'enlève cependant rien à la richesse des poèmes, à leur pouvoir d'évocation. Il offre une autre compréhension, une autre approche de ces poèmes qui seront les derniers écrits de Cesare Pavese.

« […]
Pour chacun la mort a un regard
La mort viendra et elle aura tes yeux.
[…] »

Ces deux vers écrits en mars 1950 sonnent comme une sombre prédiction, une fin tragique dont Pavese semble envisager la possibilité. « La mort viendra et elle aura tes yeux », mots adressés à l'absente, à celle qui l'a quitté, mots d'un poème retrouvé le 27 août 1950 sur la table de travail d'une chambre d'hôtel à Turin. Ce jour-là, dans cette chambre, Cesare Pavese a mis fin à ses jours.

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