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Critique de vibrelivre


L'horizon à mains nues
Christophe Paviot
roman, JCLattès, 2020 , 397 p


Christophe Paviot est né à Rennes en 1967. Il partage son temps entre la Bretagne et la Suède. Il aime le windsurf. Il a beaucoup changé de lieux et de métiers, docker au Chili, travailleur dans une ferme de crocodiles. Il a écrit plusieurs romans.
Dont celui-ci qui a des allures de roman américain. L'action se passe au Texas, l'un des deux plus grands états des Etats-Unis, après l'Alaska, dans la ville de Sweetwater, un trou paumé, où cependant « Life is sweeter in Sweetwater ». le narrateur est extérieur.Y vivent deux frères, Howard et Gary, que dix mois d'âge, l'apparence physique -l'un est très beau, l'autre est très laid- et l'orientation sexuelle séparent. Quand ils ont onze et dix ans, ils perdent leur père tué dans une station-service par une voiture conduite par un chauffard aviné. Ses restes disparaissent dans le feu. Cette perte soudera les frangins, qui deviendront les frères Shelby.
Les deux frères s'élèvent seuls, à l'écart de tous, sauf de leur mère qu'ils chérissent. Ils ont une vision du monde très désabusée. C'est l'hypocrisie, la bêtise -le port de pantalons déchirés comme les portait Kurt Cobain, l'ultra-consommation, la vanité, l'inutilité de l'école, qui leur sautent aux yeux. Ils n'aiment pas le progrès technique : devant le nouveau paysage d'éoliennes, Howard se demande « si on peut déceler de la poésie là-dedans, ou seulement du poison ». « Le long ruban de la mue du progrès l'attriste ».Une seule chose leur plaît vraiment, c'est la chasse aux crotales avec des pinces, comme la leur a appris leur père. La petite ville de Sweetwater est réputée pour sa foire aux diamondbacks, que les deux frères ne manqueraient pour rien au monde.
Ils sont au-delà du bien et du mal, bien qu'ils respectent l'ordre. C'est ainsi qu'ils corrigent les défectuosités du monde, en envoyant un crotale vers un enfant trisomique. Ils ont le sens du travail bien fait, assimilent très rapidement de nouveaux apprentissages. Ils ont un QI supérieur à la moyenne, disposent d'extraordinaires aptitudes physiques, développent des facultés mentales incroyables. Aussi sont-ils recrutés chez les Navy Seals (Sea, Air, Land) unité d'élite militaire. Si Howard part en Irak faire la guerre, Gary démissionne. Autre chose l'intéresse.
Les frères n'ont pas de goût pour l'alcool, ni pour gagner de l'argent, « la prospérité, c'est pour les pervers, ceux qui veulent s'éloigner de la nature profonde de l'homme », ce qu'ils cherchent, c'est « un esprit de camaraderie, de l'intensité et de la confiance ». Pour l'Indien navajo avec qui ils ont noué une solide amitié, « le plaisir, c'est cette vie qui les entoure, l'essentiel c'est l'herbe qui pousse, ce sont les proches, les nuages, les oiseaux, tous les éléments qui fondent leur famille. C'est exactement ça la beauté, et rien d'autre ».
Les Shelby dévalisent de petites banques texanes avec une méthode bien à eux. Ils rencontrent un jeune couple, dont la femme, au visage dévasté, plaît à Gary et le gars à Howard. Tous les quatre sont heureux, mais les frères sont trahis et se vengeront.
C'est un roman original, le sujet est étonnant. Il n'y a pas de temps mort. Les actions sont nombreuses et surprenantes, le lecteur est maintenu dans le suspense.La musique occupe une très grande place dans le livre. La petite ville et ses habitants et leurs "conneries" sont bien rendus, on entend presque crisser les crotales. le roman offre des réflexions sur la manière de vivre, la perte d'un être cher, la conduite du monde. Les crotales venimeux offrent une métaphore pour illustrer la violence du monde. Mais deux choses gâtent ce roman, l'édition mal faite qui a laissé beaucoup d'erreurs dans les prénoms, et l'écriture de l'auteur. Certes elle épouse la souffrance compacte comme un bloc, cette « ossature invisible qui se déplace à la vitesse de la colère » qu'est devenu Gary. Mais outre sa brutalité, elle manque de naturel, et les phrases comme : Ca dure dix bonnes minutes pendant lesquelles le Fifi passe un sale quart d'heure, pour se terrer et se taire dans une zone rarement visitée par l'homme, il ne faut pas pousser à bout une fille calme, les limites d'une fille calme c'est souvent une fille qui bout, elle a failli renverser sa crème renversée, James qui sourit « lui envoie une belle plaquette de dents » finissent par agacer.
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