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Critique de Alfaric


A 1ère lecture c'était aussitôt lu aussitôt oublié mais à 2e lecture je suis vraiment bien marré : car tome 10 intitulé "Le Gang Kennedy" est très cool mais il suppose un minimum de culture pour pouvoir l'apprécier, alors certains et certaines avant de rager pensez que wikipédia est votre ami… lancement de générique !
https://www.youtube.com/watch?v=9g7-jPmKS0I

Qu'est-ce qu'il y a de cool et de fun dans ce tome ?
La Belle Province s'étend de la Baie d'Hudson au Golfe du Mexique, car l'Amérique française à remplacé l'Amérique anglaise réduite à ses 13 colonies d'origine vu que la France a remporté sur l'Angleterre, la Guerre de Sept Ans (1756-1763), La Nouvelle Orléans a remplacé New York comme porte d'entrée du continent, une Marianne géante a remplacé le Statue de la Liberté, le cognac a remplacé le whiskey et tout le monde roule dans les voitures Peugeot fabriquées à Checagou (prononcez Chicago ^^)… On y croise Henri-Georges Clouzot et Orson Wells, Suzy Delair et Marilyn Monroe, André Citroën et Walt d'Isigny (prononcez Disney ^^), tout comme le jazzman de légende Robert Leroy Johnson… (certains diront qu'une Amérique française c'est de la SF parce que les forces profondes donnaient numériquement l'avantage aux colons anglais sur les colons français : bullshit, si le million de protestants indésirables en France étaient partis au Canada et en Louisiane plutôt qu'en Angleterre, en Hollande et en Allemagne ennemis de la France c'était plié d'avance mais dans l'autre sens !)
Il a une ambiance "Scarface" / "Les Incorruptibles" / "Boardwalk Empire", puisque on est en pleine Prohibition et qu'on retrouve ces bons vieux Al Capone, Bugsy Siegel et Meyer Lansky qui ici ont des soucis avec les milices fascistes de Charles Lindbergh qui se prend pour un superhéros vigilante… Grosso modo Al Capone veut que les trafics continuent, mais Joe Kennedy le chef du Clan Kennedy qui sent arriver les vents du changement veut tourner la page (et oui, IRL c'est dans le trafic d'alcool qu'il a largement tiré profit).
On passe donc le mythe Kennedy à la moulinette avec Joe Junior qui fornique avec une dénommée Norma Jean Baker et Jack qui fricote avec une dénommé Jacqueline Bouvier, et avec Bobby qui est mis de côté par le patriarche pour son manque d'esprit politique alors que tout le sait que c'était lui la tête pensante de la famille… Les deux frères aînés s'entendent comme larron en foire et partent refaire une dernière fois les stocks de cognac de leur paternel : ainsi commence un road trip bien rempli avec poursuite en voiture, règlement de compte au couteau et à la thompson, traque dans les bayous… La Némésis des frères Kennedy est le lieutenant de police Laframboise, un flic iroquois raciste qui hait autant les Anglos que les Négros (on t'a reconnu Joe l'Indien ! ^^). Tout cela est bien fun, mais le destin est écrit d'avance puisque ce tome qui s'ouvre par le Massacre de la Saint Valentin, n'est qu'un immense flashback…

Qu'est-ce qui tire ce tome 10 vers le bas ?
Déjà, j'aurais préféré qu'on simplifie de récit parce qu'entre Joe l'Indien en mode Javert, la trahison de Lafitte, les manigances d'al Capone et la sombre vengeance de Clouzot c'était sans doute trop pour un stand-alone et aurait pu se concentrer sur seuls règlements de compte mafieux…
Ensuite, Pour une fois on a uchronie à long terme, puisqu'ici elle s'étale sur 2 siècles, mais on se retrouve avec des divergences à 4 niveaux dans un tome de 65 pages !
1er niveau : OK l'Amérique est largement devenue française après la Guerre Sept Ans, mais quelles conséquences pour l'Angleterre et la révolte des insurgés, mais quelles conséquences pour la France, les Lumières et la Révolution ? Quelles relations entre le Vieux Continent et le Nouveau Monde et quelles évolutions dans ces dernières ? On n'en sait rien, pire on ne sait même pas si la Belle Province est indépendante ou si elle fait partie intégrante de la France…
2e niveau : la Révolution Industrielle a lieu, et les nationalismes vont leurs ravages habituels dans les populations donc sans surprise la Grande Guerre a lieu dans les années 1920 et mais avec l'engagement précoce et massif de l'Amérique française les Alliés marchent jusqu'à Berlin pour un nouveau Diktat de Versailles…
3e et 4e niveaux : par sentiment de revanche l'Allemagne s'enfonce dans les ténèbres du totalitarisme, et les méthodes du nouveau Chancelier Adolf Hitler font école dans tout le monde occidental… L'épilogue est tragique !

Bref, pourquoi créer un univers uchronique aussi touffu si c'est qu'il se passe les mêmes événements qu'IRL mais avec quelques années de décalage ??? On aurait pu épurer tout cela pour étoffer le récit et ses péripéties, amis surtout développer une idée force qui finalement est survolée : durant leur road trip les frères Kennedy découvre la face cachée de l'Amérique où Blancs, Noirs, Amérindiens et Mexicains sont unis dans le malheur et la pauvreté… On était presque dans un remake du célèbre film progressiste "Mississippi Burning" et c'est vachement malin puisque ce sont eux qui IRL ont défendu la cause des droits civiques pour tous à l'heure où les conservateurs freinaient des quatre fers tandis que les néoconservateurs préparaient déjà le Nouvel Ordre Mondial suprématiste ! (ah oui, on ne a pas prévenu ? on est désormais en plein dedans et ce n'est que le commencement : mais quel Monde de Merde !!!)

Dans tous les cas, j'ai passé un bon moment Série B avec les graphismes expressifs de Colin Wilson et Jean-Paul Fernandez qui avaient déjà travaillé ensemble sur le tome 5, j'ai enfin pu découvrir découvert la véritable identité de Citizen Kane ! blink
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