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Critique de LetCo


LetCo
14 décembre 2023
En quelques lignes, le résumé de la 4e de couverture situe parfaitement l'ouvrage et permet d'entamer une lecture au coeur du sujet, en son point le plus vif puisqu'il s'ouvre sur l'exécution du soldat Jonas. Ainsi connaît-on d'emblée le verdict du tribunal de guerre.
Mais la question qui sera le fil conducteur du roman est de savoir si celui que l'on surnomme « tranchecaille » ou encore « paire-de-braies » est coupable d'avoir tué son supérieur, le lieutenant Landry, ou innocent. Est-il seulement naïf, roi de la poisse et des hasards malheureux ? Ou est-il bien plus futé qu'il n'y paraît, un comédien hors pair pour se faire dédouaner de ses actes ?

Entre le moment où il est mis aux arrêts et celui de sa comparution, l'intervalle est de quelques jours durant lesquels le capitaine Duparc, assigné à sa défense, se démènera pour dénouer les fils de cette histoire et se forger une opinion sur les faits et sur le personnage afin d'assurer la meilleure défense possible à ce soldat.

Les chapitres sont courts, ils alternent entre les différents témoignages lesquels brossent petit à petit le portrait du soldat Jonas, un soldat ordinaire qui se trouve les pieds englués dans la boue des tranchées à devoir avancer dans cette guerre au milieu de tant d'autres hommes comme lui. L'auteur parvient à nous faire ressentir cette forme d'absurdité que peut revêtir cette guerre, les conditions de vie dans les tranchées, sa dureté, les troubles de personnalité consécutifs aux horreurs vécues, les hôpitaux de campagne qui procèdent aux amputations à tour de bras, le caractère expéditif des tribunaux, et plus encore...

Mais si le sujet de l'ouvrage est particulièrement intéressant pour sa valeur historique entre les faits rapportés et le langage des poilus, je ne me suis pas passionnée pour sa lecture. La narration est pertinente avec des chapitres alternant les dépositions, assemblant les pièces du dossier au fur et à mesure tout en déroulant L Histoire. Cela change du schéma classique de récit de guerre. Mais certains chapitres sont venus s'intercaler comme des cheveux dans la soupe, par exemple la correspondance de Duparc avec sa bien-aimée qui, si elle lui permet d'évoquer ses états d'âme, n'apportent pas vraiment de plus-value au roman. Ou encore les chapitres relatifs aux hôpitaux de campagne que j'ai ressentis plutôt comme des digressions. Cela m'a laissé le sentiment que le sujet n'était pas creusé correctement, que ces éloignements venaient diluer l'intensité et l'intérêt du développement.

Le récit est très souvent en langage parlé, dans le vocabulaire des poilus, ce qui le rend très vivant. Mais son usage m'a paru excessif, beaucoup de jargon en peu de pages.

En raison de ces petits bémols, ma lecture a perdu de son intérêt à mesure des pages tournées, c'est dommage. Cela reste néanmoins un ouvrage qui nous emmène sur le sentier de la guerre et de la mémoire, qui se lit rapidement. Alors quelle sera votre intime conviction ? Coupable ou innocent ?
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