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Critique de nadejda


«C'est au cours de cet été que tout le monde, là-haut, devint dingo, dans cette chaleur qui déferla et qui aurait fait fondre les pierres du chemin si les jours avaient compté une ou deux heures en plus.
Tout le monde, là-haut. le jeune, et le vieux, et le gamin aussi : ces trois-là. Mais ces trois-là, c'était le monde.»
Ces deux phrases mises en exergue, avant que ne commence le récit, campe immédiatement l'atmosphère de ce roman.

Ces trois-là, ce sont Paul dix ans, surnommé «Cinq Six Mouche» qui passe, comme tous les étés, ses vacances, en haut, chez l'oncle Elian (le deuxième protagoniste de cette histoire). 
«Les paupières d'Elian, plissées et lourdes, encadrant le gris du regard méfiant, papillotèrent et se fermèrent à demi. Il écouta. La grimace appuyée avança comme un bec sous la moustache raide et compacte»

Le troisième larron est Anjo le fils de Tatirène, veuve du frère d'Elian.

La tension monte au fil des pages par paliers. Tout est diffus, écrasé par la chaleur ambiante. le récit commence alors que Elian et Tatirène attendent Anjo qui doit ramener de la gare Monsieur et Madame Violet et leur fille, les vacanciers qui louent en août une partie de la maison.

Mylène, la fille des Violet, par le désir que son apparition va faire naître chez Anjo, Elian et Cinq-Six Mouches va déclencher un drame. de vieilles rancoeurs enfouies vont remonter à la surface et les éloigner les uns des autres dans la violence.

Le développement jusqu'au drame est très bien mené. Autour des trois compères c'est toute la vie du village qui vient se greffer et crée l'ambiance de cette histoire, avec des moments drôles parfois (au café «Chez Martinette»). Les noms de lieux (le Val de la Goutte cerise) et leur description , les sons, le chat rayé de jaune qui semble là comme témoin et accompagne les faits et gestes des protagonistes ainsi que Titi le chien. Tout est débordant de vie . La langue est belle, évocatrice, émaillée de mots régionaux (brimbelle, brimbelliers par exemple pour les baies sauvages que ramène Cinq Six mouches, «Cinq Six Mouches eut un sourire grave et lent, étiré dans la parenthèse bleues de brimbelles», charpagne : «Ils avaient descendu le repas dans une charpagne à bois pendue à une corde, par la fenêtre de la chambre d'Irène...»).
Il est difficile d'admettre qu'un tel livre se soit vu refusé 14 fois par les éditeurs et soit passé inaperçu lors de sa sortie. 


«Le chat rayé de jaune sortit de l'ombre du couloir et vint se frotter contre ses chevilles, puis il s'assit en considérant d'un air hautain l'homme et l'enfant au centre de la cour, comme s'il avait pris son parti dans cette conversation entre eux et la femme au sujet d'Anjo» p28

«Les chauve-souris gribouillaient en silence, sur le fond du ciel incomplètement ennuité, les sursauts plongeants, hystériques de leurs vol de chasse. Les premiers chiens insomniaques commençaient de s'adresser les répliques de ce long dialogue qui rebondirait jusqu'à la dernière étoile allumée de la nuit.» p142

«Le grincement du volet poussé par la main ferme d'Anjo s'étira dans la nuit à l'infini, provoquant une sorte de douleur à la racine des dents serrées d'Elian. Dans le garage à l'autre bout de la maison et de la cour, Titi poussa un jappement bref d'animal réveillé en sursaut, puis il grogna sourdement une ou deux fois pour manifester son appartenance à la race des veilleurs» p205


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