AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de gerardmuller


La solidarité chez les plantes, les animaux et les humains/Jean-Marie Pelt & Franck Steffan
Si la Loi de la jungle a bien toujours régné au sein du monde vivant et conférant à l'agressivité ses lettres de noblesse pour en faire le premier moteur de la vie, l'évolution n'a cessé de mettre en oeuvre des mécanismes coopératifs créant des symbioses élaborées et une solidarité entre espèces qui sont en fait le vrai moteur de la vie comme on le constate tout au long de ce livre.
Dans une introduction à son ouvrage, ouvrage que je vais très succinctement résumer, l'auteur imagine un monde futur dans lequel la course au « toujours plus » a aboutit à une catastrophe écologique planétaire par manque de ressources d'une part et une dégradation du climat d'autre part. Ce sera également l'épilogue du livre.
L'organisation du vivant est liée à des phénomènes de symbiose, acte fondateur de chaque étape de l'histoire de la vie : en associant une minuscule cyanophycée chlorophyllienne à une grosse bactérie, la vie a construit le maillon de base de la vie, la cellule eucaryote sur laquelle elle a édifié ensuite tout le règne végétal et tout le règne animal.
Un des plus beaux exemples de cette solidarité est illustré par le lichen qui est un individu végétal résultant de l'étroite symbiose entre une algue et un champignon, lesquels pris individuellement représente des formes quelconques de cellules désorganisées, alors que le lichen est d'une résistance à toute épreuve, au chaud (100°), au froid (-180°-), à l'altitude (7400m), ne craignant que la pollution de l'air car puisant ses ressources essentiellement dans l'air. le lichen est le premier à coloniser un rocher ou une souche et est considéré comme le pionnier de la vie dans les milieux les plus inhospitaliers, sachant alors adopter le fonctionnement des graines en mode ralenti.
Les coraux sont aussi le fruit d'une étonnante symbiose entre règne animal représenté par les polypes, animaux microscopiques qui vivent en vastes colonies, et des végétaux microscopiques, les zooxanthelles, algues brunes monocellulaires qui possèdent des pigments chlorophylliens et caroténoïdes conférant leurs couleurs aux coraux et assurant par leur métabolisme le squelette des polypes qui vont ainsi protéger les zooxanthelles elles-mêmes. Sans les zooxanthelles qui les nourrissent, les polypes ne survivraient pas en haute mer.
le chapitre concernant le récif corallien est particulièrement intéressant, expliquant aussi le rôle des destructeurs de corail, éponges, mollusques, échinodermes, poissons, qui participent en équilibre avec les constructeurs à la consolidation du substrat de l'édifice par accumulation de débris. le récif est donc un écosystème riche et complexe, mais extrêmement fragile, sensible à la température de l'eau et au niveau de l'eau car le récif vit de la lumière solaire captée par les zooxanthelles. de sorte que le niveau des océans ne doit pas monter plus vite que la croissance du corail, sinon c'est la mort du récif.
Il y a 450 millions d'années, les algues vertes quittent l'océan pour tenter l'aventure terrestre, les continents étant encore dénués de toute vie. C'est grâce à la présence dans le sous-sol de champignons que cette conquête s'avère une réussite : la symbiose mycorhizienne stimule les échanges alimentaires entre la plante hôte et le champignon. Carbone et phosphore sont transférés du champignon vers la plante hôte. C'est toujours le cas entre nombres de plantes herbacées ou arbres qui grâce à des champignons peuvent se développer. On observe qu'une forte biodiversité et une forte productivité caractérisent les sols richement mycorhizés.
Il apparaît que l'augmentation de la teneur en CO2 de l'atmosphère est un facteur favorable à la croissance végétale. Mais pas de façon automatique ; en effet cela se fait en fonction des besoins internes de la plante.
le second chapitre aborde la relation symbiotique entre fourmis et végétaux. D'abord tout comme les abeilles et les papillons, les fourmis ont un rôle dans la pollinisation. Ensuite, certaines fourmis nourrissent des lianes qui en retour leur offrent le gîte. D'autres fourmis sont nourries par une variété d'acacia et en retour les fourmis protègent l'acacia contre les intrus éventuels. Enfin les fourmis attas cultivent des lépiotes pour se nourrir et les protègent contre toute intrusion d'autre champignon qui leur serait fatale.
Dans les océans, la solidarité existe aussi et chacun y trouve son compte. Les poissons nettoyeurs de corail, les petits poissons hôtes visiteurs des requins, des raies mantas, des tortues marines, tous ces nettoyeurs se nourrissant des parasites prélevés sur l'hôte qui accueille. le rémora se fixe carrément sur le requin hôte par une ventouse pour être au plus près de son lieu de nettoyage. le même phénomène s'observe chez les animaux de la savane entre buffle et oiseau pique-boeufs, entre le crocodile du Nil est le pluvian d'Egypte. Bien d'autres exemples sont cités aussi bien sur terre qu'en mer. Et chaque fois l'un et l'autre tirent des bénéfices de leur vie commune. Bien que l'agressivité soit omniprésente dans le comportement animal dans la nature, il ne faut pas nier que la solidarité existe aussi comme le montrent les nombreux exemples cités par l'auteur.
Chaton adopté par un chimpanzé, plus extraordinaire chatons adoptés par une rate, amitié entre une souris et un éléphant, il ne manque pas d'exemple pour démontrer que la solidarité ou bien une forme d'amitié ou d'amour existe occasionnellement chez les animaux d'espèces différentes. Sans parler de la compassion ou de l'entraide qui existe souvent entre des sujets d'une même espèce, notamment chez les éléphants, les dauphins et les baleines.
Le cas du chien est une illustration de l'alliance entre l'animal et l'homme. Durant des millénaires l'homme et le loup se sont côtoyés jusqu'au jour où la domestication a été entreprise il y a environ 12 000 ans pour aboutir peu à peu par sélection des individus les plus dociles et au fil des générations, au chien. Lequel au gré des sélections se transforme, avec un développement étonnant des performances intellectuelles bien supérieures à celles de son ancêtre le loup. Bien d'autres animaux au fil des siècles ont été ainsi domestiqués, ânes, chevaux, chameaux, lamas, élans, yaks…pour vivre en symbiose avec l'homme.
Suit un chapitre traitant de la lecture erronée du darwinisme par les adeptes du libéralisme, et ce d'une manière orientée que n'avait pas voulu Darwin lui-même, c'est à dire que la sélection naturelle serait liée à la compétition et donc l'agressivité. L'auteur russe Kropotkine va à l'encontre de cette idée et soutient que les mieux adaptés ne sont pas les plus agressifs mais les plus solidaires et les plus associatifs. Soutenue par le sociologue japonais Imanishi, cette vision affirme avec optimisme que la coopération l'emportera sur la compétition. Tout l'opposé de la mondialisation progressive actuelle. L'avenir nous dira qui triomphera du libéralisme à outrance ou de la solidarité humaine et de l'économie solidaire ainsi que du développement durable.
le chapitre qui suit évoque les faiblesses du libéralisme et la nécessité d'évoluer vers le mutualisme. Car à long terme et en dépit des embellies à court terme de la croissance qui font illusion, nous nous enfonçons peu à peu dans une crise économique sans retour possible. En économie comme en écologie, rien ne se fera sans solidarité. Il est certain que le libéralisme prive les générations futures et dès à présent les plus pauvres, de toute liberté en ne préservant pas les besoins vitaux.
Un dernier chapitre met en avant le fait que le mode de développement actuel de l'Occident n'est pas soutenable à l'échelle planétaire. Arrivera le moment où les besoins vitaux des générations futures ne pourront plus être satisfaites : apparaît ainsi la notion de développement durable qui n'attend que sa mise en application. La dérégulation du climat pourrait bien être le facteur décisif pour l'avènement de cette nouvelle ère. Ainsi qu'un sursaut spirituel peut-être ? Pour plus de solidarité.
Un excellent petit ouvrage qui aborde nombres de sujets et qui se lit très facilement.














Commenter  J’apprécie          41



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}