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Critique de ClaireG


En 1934, la famille Peres quitte la Pologne, ruinée par les impôts antisémites, pour la Palestine mandataire, terre de Sion, rêve de toute famille animée par l'idéal de Theodor Herzl : une terre, une langue, une nation. La famille s'installe dans un kibboutz où tous apprennent le dur labeur sur une terre rocailleuse et où les études sont obligatoires pour les jeunes.

C'est à partir de ces conditions extrêmes que les Juifs de Palestine ont puisé dans leurs ressources mentales, créatives et imaginaires de quoi rendre fertile une terre aride.

Fidèle admirateur et compagnon de route de David Ben Gourion, Shimon Peres n'aura de cesse de servir sa nouvelle patrie. Pendant près de sept décennies, il repoussera les limites dans tous les domaines. Négociateur infatigable, il a une idée fixe : la paix, tout en vivant dans les conflits permanents avec ses voisins arabes qui veulent éradiquer ce nouvel Etat déclaré en 1948. Il joue un rôle de premier plan dans la guerre d'Indépendance, dans celle des Six-Jours, comme ministre de la Défense, des Affaires étrangères et comme Premier ministre. Il sera décrié comme « Faucon » par l'opposition avant d'être la « Colombe » en réussissant la paix avec l'Egypte puis, plus difficile avec la Jordanie ainsi que les longs et secrets pourparlers avec les Palestiniens qui aboutiront aux Accords d'Oslo en 1993. Pour être ensuite trahis de part et d'autre.

« Quand on est petit et faible, on doit se demander quel type d'investissements va nous aider à grandir ? « Investissements » peut avoir de nombreuses significations : temps, fonds et – peut-être plus important que tout – courage ».

Diplomate hors pair, jamais il ne baisse les bras après un refus ou un échec, à l'international autant que dans son propre pays. Une vision à long terme, envers et contre tout, lui fait aborder tous les problèmes : le développement économique, aéronautique, les nouvelles technologies, l'obtention de l'arme nucléaire, le renforcement de la sécurité par une armée solide et efficace. Et à chaque fois que de nouvelles idées jaillissent et sont mises en place, Shimon Peres – qui n'a aucun diplôme universitaire – étudie les tenants et aboutissants de ces matières extrêmement complexes pour comprendre et pouvoir discuter avec les experts qu'il recrute.

Le pays socialiste et travailleur ramassé dans le rêve sioniste de Theodor Herzl a laissé la place au capitalisme et à l'économie de marché mais la paix reste le but premier dont la recherche doit être continue. Tel est le voeu de Shimon Peres et l'héritage qu'il laisse.

Aucun rêve n'est impossible a toujours été le moteur de ce grand homme politique (mort en 2016) qui a prouvé 1001 fois combien sans risque et sans audace, toute action était étouffée dans l'oeuf. Homme de conviction, il cultivait l'art de lier des relations de confiance, même avec ses ennemis, surtout avec ses ennemis.

Je ne peux que recommander ce livre à tous ceux qui veulent apprendre comment est né Israël et pourquoi il est ce qu'il est aujourd'hui. Avec de grands moments comme la création ingénieuse de l'aviation nationale (années 1950), l'Opération Entebbé (1976) ou la dramatique crise économique qui a ébranlé le pays en 1984. Les pionniers ont toujours des qualités peu communes, dont l'endurance et l'innovation. Sans jamais s'encenser, se vanter ou se mettre en avant, Shimon Peres retrace brillamment l'histoire de ce pays dont il reste une figure de proue.

Un tout grand merci à la Masse Critique de juin et à Clarisse Gonçalves des Editions Baker Street qui m'ont permis de consolider mes connaissances et de mettre ce livre en parallèle avec celui de Mati Ben Avraham
« Métamorphoses d'Israël » chroniqué le 4 mai 2018.
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