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Critique de fanfanouche24


--Librairie Caractères –Issy-les-Moulineaux--

MERCI à mes camarades-Libraires qui m'ont transmis ce roman , en avant première ; ce dernier paraissant vers le 20 août 2021.Un titre fort alléchant , significatif du savant mélange de VIRTUEL et de REEL qui va s'entremêler tout le long du récit !

Un premier roman que je lis de cette auteure, Camille de Peretti, qui mêle astucieusement fiction et réalité, loue la puissance du Rêve, de l'imaginaire et de la littérature, à travers son personnage central, Emmanuelle, traductrice de métier, qui ne rêve que d'une seule chose : devenir un écrivain à part entière, au lieu de passer son temps à travailler sur les mots des autres !...

le récit se fait à la troisième personne, Emmanuelle, traductrice free-lance, un fils adolescent, Quentin, 14 ans, vivant sur une planète différente de celle de sa mère… Celui-ci a quelques amis, mais surtout occupe son temps libre dans le monde virtuel, au pays des jeux vidéo…Une manière comme une autre d'échapper au monde des adultes qui ne l'inspire guère…. La mère et le fils, rêve chacun de leur côté…dans un monde frustrant… insatisfaisant.

L'impression, au fil de la narration, d'avoir affaire plutôt à deux adolescents en « recherche » qu'à une adulte et un ado…à l'orée de sa vie…

Emmanuelle, par négligence administrative, se retrouve acculée ,par une somme importante dûe, à payer dans les plus brefs délais…Elle fait donc appel, à un de ses amis et employeur, pour avoir une mission supplémentaire d'appoint, afin de faire face. Elle est donc recommandée par cet ami pour participer au sein d'une importante entreprise, à la réflexion et l'élaboration d'un futur logiciel performant de traduction, « Translatix » ; comme si Emmanuelle sciait la branche déjà précaire, où elle se trouve. Est-ce qu'une machine pourra rivaliser avec les subtilités d'un style d'auteurs singuliers , et des talents d'un "vrai" traducteur ? La Littérature peut-elle être formatée ?!
Une Machine à traduire, OUI…. Mais que deviendront les traducteurs, comme elle ??
Est-ce que les machines peuvent remplacer , égaler et même surpasser les humains , dans certaines professions, et dans ce cas, dans celles, faites de subtilités de langage, de formulations, de « Re-création »d'un langage poétique, littéraire, dans une autre langue…??

« Vous nous proposez de scier la branche sur laquelle nous sommes assis. Si cela est possible et si votre machine arrive à le faire, nous qui aimons la manière qu'ont les mots de s'agencer selon les auteurs et les siècles, nous ne nous servirons définitivement plus à rien. Vous nous proposez de vivre un Babel inversé mais est-ce que cela va nous porter chance ?
-Babel ? interrogea Julien.
- (...) Babel est la dernière étape avant le monde que nous connaissons aujourd'hui. Avant de construire la tour de Babel, les hommes parlaient une seule et même langue, mais Dieu, les trouvant trop orgueilleux, les punit en leur faisant parler des langues différentes. Avec votre Translatix, vous nous proposez un Babel inversé. Et je m'interroge, est-ce que cela va nous porter chance ? (p. 114)”

D'où de multiples observations sur les Rêves, la Littérature, l'écriture, la traduction et l'importance primordiale du « Facteur humain »…à l'opposé de cette entreprise obsédée de technologie et d'intelligence artificielle….

Elle jouera le jeu, participera aux réunions de travail autour de cette future machine à traduire, avec en passant, une liaison avec le directeur de ce projet ; liaison aussi fade , superficielle et impersonnelle que cette fichue machine « Translatix » !!…
Il faut dire que notre anti-héroïne, Emmanuelle est plus à l'aise avec le travail sur les « mots des autres » qu'au jeu de l'Amour !!

Dans tout cela, j'ai oublié un autre personnage féminin : la grand-mère, Martine, qui éleva seule sa fille Emmanuelle, gâtant à outrance son petit-fils, Quentin. Deux générations de mères célibataires… Un univers sans hommes, ou toujours de très bref passage !!
Deux solitudes féminines vécues très différemment ! La plus indépendante et satisfaite de sa solitude ne sera pas celle qu'on croit !

Le quotidien d'Emmanuelle : son métier de traductrice, son fils, Quentin, avec qui elle n'a guère de vrai lien, ou d'échanges…sauf vers la fin, où il accompagne exceptionnellement sa mère à son travail…et où les deux univers vont se croiser… à travers les talents informatiques de Quentin... pour faire un pied de nez à la Société !

Depuis un certain temps, il est en lien avec une camarade de classe, qu'il n'a pas osé aborder, en vrai », au lycée… Il a trouvé l'astuce en devenant son partenaire dans leurs jeux vidéo et leurs « farces informatiques »qu'ils partagent avec frénésie…Un moyen comme un autre d'enrayer , même si brièvement, le monde insensé des adultes…

Des passages « savoureux » sur les très jeunes « hackers »…réponse singulière de la jeunesse à un monde en plein bouleversement…Une riposte fulgurante au monde des adultes et de leurs certitudes…!!!

“Fin des sit-in pour protester, fin des marches dans la rue en brandissant des pancartes, ils feraient leur révolution assis, en cliquant sur ENTER.
Oui, ils avaient au moins réussi cela. Les autorités avaient immédiatement annoncé enquête et traque des coupables, mais c'était un virus hydre, polymorphe. A moins que les pirates ne se dénoncent eux-mêmes par vantardise ou par étourderie, il n'y avait aucun moyen de remonter, la base était trop nombreuse. le recrutement se faisait de façon anonyme, par les jeux vidéo, et les gamins à qui on demandait d'aller planter des clefs USB ici et là se rendaient à peine compte de la gravité de leurs actes. de toutes ces petites mains, aucune n'était réellement coupable, ni responsable de rien. Leur hacking était devenu un jeu, une mission, une blague où la frontière entre le réel et le virtuel était gardée très floue, en cela, leur idée avait de l'avenir. Car ce livre croit à la joie, la joie pure de ceux qui, avertis des échecs successifs de la vie réelle, ne se tiennent pas pour battus et, partis par tout autre chemin qu'un chemin raisonnable, parviennent où ils peuvent.”
(p. 274)

Une lecture fort agréable… chronique assez juste et caustique de notre société , partagée et tiraillée entre le réel et des mondes virtuels de plus en plus prégnants , sur nos quotidiens ; juste un bémol : la « chute », dont l'idée était assez jubilatoire, aurait, à mon humble avis, vraiment gagné à être plus étoffée et développée… Un sentiment de frustration ,de rester quelque peu sur « ma faim » !!!... Impression toute personnelle et forcément subjective...
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