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Critique de Colchik


Quoi de plus intéressant que de saisir une personnalité par les lieux qu'elle a investis ? C'est l'objectif que s'est fixé Michelle Perrot dans ce livre remarquable. Nohant, rien que Nohant, tout Nohant pour nous raconter en filigranes Aurore Dupin alias George Sand.
Au travers du prisme de Nohant, nous voyons se dérouler toute une vie avec ses joies, ses malheurs, ses soucis domestiques, mais aussi ses querelles familiales et amoureuses. Surtout nous découvrons l'émancipation d'une femme qui se sépare de son mari, récupère sa maison, l'organise pour en faire un lieu de travail et de repos pour ses amis, un ancrage pour son oeuvre, un laboratoire artistique et social, un toit pour ses petites-filles aimées et choyées.
Il faut toute la précision de l'historienne pour déplier sous nos yeux près d'un siècle de vie à Nohant ; cependant jamais le souci de l'exactitude ne se transforme en érudition sèche et rébarbative.
J'ai aimé les romans de George Sand mais, avec ce livre, j'ai aimé la femme qu'elle incarnait. Elle se sépare d'un époux avec qui elle ne partage plus rien, elle travaille sans relâche pour faire vivre Nohant, elle n'ignore rien de sa condition privilégiée et s'efforce d'éduquer ceux qui n'ont pas la chance d'accéder à l'instruction, elle se tient loin de la religion et de ses conventions, elle s'engage politiquement. C'est une combattante, une sportive, une amoureuse, dure au labeur et capable de surmonter bien des vicissitudes. En peu de mots, elle se veut être – autant qu'il l'est possible à cette époque – une femme libre dans ses amours comme dans ses amitiés. En décrivant le quotidien à Nohant, Michelle Perrot se garde bien de faire un portrait hagiographique de l'écrivaine : elle montre aussi sa dureté à l'égard de sa fille Solange, l'amour étouffant qu'elle porte à son fils Maurice, ses rapports compliqués avec la domesticité, tour à tour encouragée à s'émanciper mais parfois congédiée trop facilement.
Le grand talent de Michelle Perrot est dans la richesse des nuances qu'elle apporte, dans sa manière fine d'explorer l'univers sandien dans ses côtés les plus pragmatiques, l'hygiène, la médecine, les repas, les tâches et les devoirs d'une maîtresse de maison accaparée par le défilé de ses invités. Mais, sous nos yeux, se dessine aussi le tableau de la campagne berrichonne au XIXe qui est indissociable de l'oeuvre de Sand.
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