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Critique de Lsky


Lsky
07 septembre 2021
Ce livre est en réalité un recueil d'articles au sujet de la place des femmes dans L Histoire.
On trouve des articles assez disparates, différents, ce qui permet somme toute de ne pas s'ennuyer. En effet, c'est un ouvrage très complet qui mêle politique, sociologie et extraits de littératures qui témoignent de la pensée, des idéologies, de leur temps. Ainsi nous sommes face à une étude très complète tant elle brasse de sujets, de manière juste, documentée, et joliment écrit en plus.

On trouve un assez long article en début d'ouvrage au sujet de la correspondance des trois filles Marx.
C'est d'ailleurs fort intéressant d'ouvrir le livre sur le thème de la correspondance, que la chercheuse semble avoir étudié. Elle montre que la correspondance - qui au début n'était pas affaire de femmes car écrire était réservé aux hommes - faisait que la sphère privée (souvent personnifiée par le mari) empêchait la femme de s'exprimer, et donc de passer dans la sphère publique.
Ainsi, la femme se cachait pour pouvoir correspondre, écrire, cela semble enfantin de se cacher pour cela, mais c'est est aussi un acte de résistance. L'homme refuse à la femme cette place publique, c'est une évasion par les lettres. Ainsi, l'autrice montre la pertinence de la correspondance dans la mémoire des femmes grâce à la correspondance des trois filles de Karl Marx dont elle fait l'étude. Cette étude de recueil de lettre nous apprend des choses intéressantes, mais est surtout superbement menée.

Ainsi, les presque 200 premières pages, sont des études de correspondances diverses, de journaux d'une femme issue de la noblesse vivant à Paris, puis le journal d'une mère à sa fille. L'autrice utilise le privé, pour parler d'une condition bien plus large des femmes à une certaine époque. Exposé fascinant, entre le récit de vie et manifestation de la société.
Il y a quelque chose de touchant, de désuet, d'équivoque, dans ce temps révolu maintenant, mais dont on peut retrouver des traces de poussière aujourd'hui.

S'en vient ensuite une étude de la femme au travail, dans le cercle social, extérieur à l'intime, extérieur au privé. de son rôle dans la production, dans les grèves des usines, en passant par son rôle politique, la femme devient elle aussi animal politique, pierre à l'édifice de la construction du pays. Elle n'a non plus seulement un travail domestique, celui de coudre, d'entretenir la maison, de nourrir les enfants, non, désormais elle a aussi sa place à l'usine, travailleuse visible.
D'intéressants passages se succèdent au sujet de la vie ouvrière. Ouvriers d'abord jetés dans les cités, entassés dans des logements aux loyers trop élevés, déracinés de leurs campagnes. Plus tard, l'architecture haussmannienne les chasse des faubourgs aux périphéries crasses. Incroyable histoire de l'urbanisme à travers celles des femmes, icônes, gérantes et déesses malheureuses du foyer.

Le livre propose donc une belle progression dans ces analyses, offrant un large éventail : industrialisation, usine, grève, de la première partie aux correspondances bourgeoises, à une lutte des classes féministes qui n'a encore jamais vu l'émergence de ces deux termes.

Enfin, on ne peut parler de l'Histoire des femmes sans questionner ce qu'est L Histoire des femmes : se demander s'il y a donc une Histoire des hommes ? Ainsi, l'ouvrage se termine avec une étude, en plusieurs chapitres, elle même fondée sur diverses études qui parle de diverses approches de l'Histoire des femmes. On retrouve une analyse de celle de Foucault par exemple.
Le livre s'achève donc en tentant de répondre à ces questions, liste non exhaustive : depuis quand L Histoire des femmes est elle considérée comme à part entière ? Quelles en ont été les grandes lignes, les innovations qui en ont decoulées ? C'est aussi l'occasion d'actualiser certaines études et pensées.

Bref, très intéressant, un gros morceaux qui donne envie de creuser beaucoup de sous thèmes.
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