AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Ambremc


Les trois personnages principaux sont vraiment le moteur qui permet au récit d'avancer. Ils sont tous les trois foncièrement très différents mais possèdent un dénominateur commun, à savoir une certaine combativité. Elle se révèle de manière assez différente pour chacun d'eux mais le fait est qu'elle est là, bien présente en eux. En ce qui concerne Arlen, elle est présente dès le début, dès son enfance, qu'il passe à se demander pourquoi ils se cachent au lieu de combattre. Leecha ne la découvre qu'après avoir été trahie par ceux en qui elle avait confiance. Lorsqu'elle décide de s'enfuir pour se vouer à l'étude auprès de la vieille Cueilleuse du village, elle découvre en elle une force qui ne cessera de grandir. Rojer, qui n'est qu'un enfant de trois ans au début de son histoire va développer cette combativité de manière plus calme, moins brutale. J'ai trouvé cette évolution des personnages très bien construite. À la fin du tome, ils sont tous plus aboutis qu'ils ne l'étaient au début. Ce tome se déroulant sur une vaste période (une vingtaine d'années, il me semble), j'ai vu grandir et murir les personnages. Il y a un vrai coté « roman initiatique » ici qui n'est pas désagréable. Contrairement à certaines histoires ou le héros est déjà « construit », ici on découvre vraiment comment les héros en arrivent ou ils en sont et pourquoi (et surtout à quel prix).
Ceci dit, j'ai un peu été déçue par la manière dont a évolué Arlen. On le perd quelques années et lorsqu'on le retrouve au terme d'une ellipse assez longue, il est devenu très sombre mais surtout insensible, du coup j'ai perdu une partie de mon intérêt pour lui au profit de Leecha qui devient réellement intéressante.
Les bons en avant dans le temps sont aussi frustrants à certains moments puisqu'ils m'ont donné l'impression de manquer des passages importants, comme s'il manquait des pages au livre.
Les quelques personnages secondaires que croisent nos héros sont assez déséquilibrés. Certains sont complexes et intéressants comme le maitre de Rojer tantôt ivrogne égoïste, tantôt Jongleur sur le déclin attachant ; d'autres sont juste agréables, comme Ragen et enfin certains comme la mère de Leecha (ou une grande partie des habitants du Creux Coupeur) sont juste des clichés ambulants. Cependant, comme le récit se déroule sur une longue durée avec des ellipses assez importantes, il m'est arrivé de m'attacher à des personnages avant de ne plus jamais les revoir. Mais bon, c'est le jeu ma pauvre Lucette. Sur ces personnages secondaires, un point négatif à souligner toutefois : le traitement des personnages féminins. Visiblement dans les romans de fantasy, leur traitement semble difficile pour les auteurs, se rattachant à une simili Histoire ou la place des femmes est réduite dans la société à la maternité et/ou être un objet de désir. Nous avons quelques femmes fortes ici, comme Leecha qui prend lentement de l'assurance, la Cueilleuse d'herbes ou bien la chef du village (définie par un ton moqueur par les habitants comme « La Stérile » vu qu'elle n'a pas d'enfant. le ton est donné.). Il y a même une ville ou la place la plus honorable pour une femme est d'être une Mère, donc juste d'avoir eu un enfant. Aucun autre moyen de gagner le respect… de même, pourquoi, au profit d'un ressort scénaristique certes compréhensible, ajouter une scène de viol ? Cela n'apporte rien à part l'idée que « bah ! elle s'en remettra ». Il existe d'autres moyens de faire passer l'idée que les agresseurs sont méchants je crois. Je trouve toujours dommage que donc un roman dans lequel pourtant je m'amuse bien, on en revienne souvent aux mêmes points faibles, trop souvent dédaignés.

C'est un monde vaste et intéressant qui abrite nos protagonistes. Selon les personnages, on passe aisément des petits villages forestiers plus proche de la medieval fantasy aux citées au milieu d'un désert de sable plus proches de la fantasy orientale. Cette diversité de lieu entraine des mythologies différentes notamment vis-à-vis des chtoniens qui rend l'univers encore plus intéressant. Selon l'endroit où l'on se trouve, l'interprétation est différente. Il y a un réel choc des cultures entre le Val Tibbet et Fort Krasia, ce qui donne de la profondeur au monde créé par Peter V. Brett. Les démons qui sortent chaque nuit sont une invention intéressante d'autant plus qu'en tant que lecteur on en sait pas plus sur leur existence que les peuples qui subissent leur présence nuit après nuit. Sont-ils une punition divine ou ont-ils toujours fait partie de la faune de ce monde ? Cette interrogation n'a fait qu'ajouter de l'intérêt pour cet univers, en plus de celui créé par les aventures des personnages.
L'auteur nous guide à travers cet univers d'une plume fluide et bien menée. Son histoire est bien rythmée, sans trop de temps morts, juste ce qu'il faut. Dès les premières pages il a su piquer mon intérêt, me faisant dévorer l'histoire page après page avec une furieuse envie d'en connaitre le dénouement.

J'ai donc eu le plaisir de découvrir un très bon premier tome d'une série pleine de promesses. J'espère avoir assez rapidement la possibilité de lire les autres tomes pour connaitre le destin de ces personnages auxquels je me suis attachée.


http://goo.gl/pV0WeR
Lien : http://goo.gl/pV0WeR
Commenter  J’apprécie          50



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}