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Critique de Alexandrin


Un reportage en Amérique du couple d'écrivains soviétiques, auteurs du génialissime "Les douze chaises".
Ce voyage à travers l'Amérique sans étage, n'a pas pris une ride dans sa description d'une Amérique religieuse, aseptisée, nourrie à la bouffe industrielle, sans conscience politique, satisfaite par des divertissements et des loisirs stupides. « L'Amérique sans étage » utilise le procédé des Lettres persanes où les us et coutumes états-uniennes sont analysées grâce au regard très critiques de citoyens soviétiques.
Oeuvre de commande diplomatique, le parti communiste d'alors cherchait à tisser des alliances avec les démocraties occidentales pour contenir le péril fasciste, les auteurs louent l'organisation et la technologie des États-Unis, dont l'URSS souhaitait s'inspirer pour rattraper son retard économique. Ce voyage sous la bannière diplomatique est, en sous-main, ce que l'on appelle aussi de l'espionnage industriel.
Mais c'est une oeuvre idéologique également, Ilf et Petrov jouent au jeu des comparaisons entre le système capitaliste et communiste. Les principes de la liberté d'expression et la démocratie américaines sont démolies chapitre après chapitre par la description de situations satiriques édifiantes. Quelle liberté pour la jeune femme contrainte à la prostitution, dont la mère ne trouve aucun secours auprès de la police et de la justice, de la presse et des politiciens ? Quelle liberté pour les noirs qui se font lyncher, pour les indiens parqués comme au zoo dans des réserves ?
Un des running gags du livre est la description clownesque du couple Adams, pro-soviétique, qui guide nos voyageurs d'est en ouest. Ils se chamaillent tout au long du parcours, ponctué par les affirmations définitives de Mr. Adams : « Oh no ! Vous ne devriez pas penser ceci ! No no, il faut que vous visitiez absolument cela ... »
La liberté de ton et l'humour ironique des deux auteurs frappent et la plupart des commentateurs y ont vu des attaques masquées contre le stalinisme. Pourtant la loyauté d'Ilf et Petrov envers l'URSS est totale. Est-ce l'anti-communisme moderne des universitaires et des éditeurs qui les empêchent d'admettre que des soviétiques aient de l'humour et de la distance par rapport à leurs propres concitoyens ou supporters ?
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