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Critique de Annette55


Voici un livre choc qui nous invite à partager, dans les années 40, le quotidien de la 116éme rue à Harlem, une rue réservée aux noirs, une rue pernicieuse, une rue "Où les gens étaient entassés comme des sardines dans une boîte ".

Des papiers de toute sorte l'envahissaient .
Elle était si mal orientée qu'il ne devait jamais avoir de soleil dans les appartements .........

Pouvait-on qualifier "d'appartements " dans cette rue noire et populeuse , des vieilles maisons aux fenêtres étroites ?Plutôt "de trous à rats ."........

Ces lieux sordides , loin de l'air et de la lumiére , confinés où la saleté, les immondices, les odeurs et les cafards abondaient ?
Une rue, dévoyée, synonyme de peur, de rejet, de violence et de dangers, d'espionnite aveugle, de haine, aux planchers dégoûtants , aux escaliers souvent couverts de mégots et de poussière .
C'est là que vivait la jeune et très jolie Lutie, lucide et courageuse, déterminée, Mère de Bub, un gamin de huit ans, séparée de son mari, pris en flagrant délit de tromperie, alors qu'elle travaillait pour gagner l'argent de la famille, chez des Blancs ...
Elle tentera de toutes ses forces de se battre avec intelligence, économie , honnêteté , courage , afin de s'extraire enfin de sa condition.

Elle travaille avec acharnement tout en vivant dans ce trou à rats, confiné, étroit , parquée dans cette petite surface , avec Bub, à la merci de la folie sexuelle du concierge et de ses envies , un certain Jones, furieux , violent , déchaîné , les yeux pleins de désir , qui tente de l'entraîner dans la cave, sauvée ni extremis de cette fureur inouïe , par madame Hedges, une tenancière de Bordel , au passé douloureux , toujours à sa fenêtre .......n'en disons pas plus!
Au sein de ce livre où l'impensable rejoint le sordide, l'auteur conte , avec une efficacité redoutable, une intelligence et une finesse rares, l'espèce de fatalité où les hommes et les femmes ne peuvent vivre dans la dignité sans échapper à la corruption , à des sursauts de violence et des haines inextinguibles .
Les femmes partout travaillaient pour entretenir leur famille, car, nulle part, les hommes ne trouvaient de travail..
Comme dans un cercle vicieux , ils s'ennuyaient, végétaient , sortaient , trafiquaient , les enfants restaient seuls.
C'est ce qui vieillissait prématurément les femmes : le poids écrasant du dur labeur quotidien .
Une peinture sombre, noire, poignante, bouleversante, réaliste, une analyse minutieuse et clairvoyante, qui arrache le coeur, dont on sort troublé et abasourdi, sans voix, ( comme dans les romans de la grande Toni-Morrison.)
L'exploration d'une misère sociale et humaine extrêmes, aux multiples facettes, où régnaient en maître le désarroi, l'amertume, la haine, la colère, la corruption,la fatigue , l'horreur insurmontable , l'envie, le fracas, l'horrible obsession de la chair !
Superbe , à lire sans rêver des caves ....



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