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Critique de Olti


Objectivement, je crois que c'est exactement ce qui est appelé un "bon livre" dans le cadre des lectures les plus aimées en fantasy (je n'étais encore jamais tombée sur un exemple aussi nickel, en général y'a toujours au moins un truc qui manque ou qui est moins bien fait que le reste mais là, un générateur de roman de fantasy n'aurait pas fait aussi bien).

Ainsi, on retrouve :
-un univers assez décrit pour qu'on puisse se le représenter, et assez "merveilleux"- sans doute - pour être aimé mais ne pas trop embrouiller,
- des personnages forts, typés, et avec autant de défauts qu'un candidat à un entretien d'embauche ("j'ai des tas de défauts vous savez : je suis un peu taquin mais je prends tout avec humour, j'ai un fort caractère mais je ne me trompe jamais, je suis perfectionniste et trop courageux... ah et je suis beau aussi"),
- et un objet littéraire construit par un artisan japonais du 18e : pas une info n'est donnée au hasard, et la chronologie des événements -importants comme anodins- parfait cette construction simple mais plus que solide.

Subjectivement, je n'ai pas aimé, pour les raisons citées ci-dessus :
- L'univers "merveilleux", avec les petits dragons volants, les chats volants et qui parlent (et qui sont surtout bien utiles à l'histoire), et ainsi de suite... ce n'est pas mon truc, peut-être parce que j'ai besoin de plus de tâches de gris et de noir (et pas que dans les choix vestimentaires des méchants) et de travail quand on cherche à créer quelque chose de réel, de vivant. Là, je n'y crois pas.

- Les personnages... j'ai eu un sentiment de personnalités vides, vide masqué derrière de "forts" caractères. On a des héros qui ont le sens de la réplique, de bonnes idées au bon moment, qui sont mieux que tout le monde, tout ça-tout ça, donc ils ne paraissent pas vides, encore moins insignifiants. Mais tout ça, c'est du vent : au moment où on se demande quels sont leurs goûts, leurs passions dans la vie (à part leur travail et le fait de faire avancer l'histoire)... j'ai un blanc. Quand je ressens ça, c'est que le personnage est pour moi plus un caractère de théâtre qu'un être réel et crédible. J'ai vu des stéréotypes là où j'aurais mieux apprécié des archétypes (nuancés).

J'ai aussi trouvé une espèce de vieux cliché dans la représentation des sexes qui, certes, collait bien pour une histoire du 19e, mais en rajoutait une couche du côté du vide des personnalités.
**Griffont est un mâle modèle 1, comme Auguste il est donc : fort, courageux, protecteur, a le sens de l'humour, il est monotâche et monomaniaque (le mâle simple et bourru mais qui a reçu une couche d'éducation et d'élégance et s'absorbe dans ses recherches), il a le sens du sacrifice, et il a sa moto (qu'il bricole. J'imagine qu'il a dans son établi tout le nécessaire du bon mâle bricoleur). Auguste lui a sa voiture, tout va bien.
*Isabel/Aurélia est une femelle modèle 2 : elle est sournoise mais on lui pardonne tout, hystérique aisément, jalouse comme un poux et de mauvaise foi, joueuse avec les hommes qu'elle manipule comme une commerciale... parce qu'elle est belle. Si elle était laide, borgne et obèse, je pense que ça en ferait un personnage dont on oublierait tout le "charme". Mais elle a quand même besoin d'un homme.
*Cécile est une femelle modèle 1 : elle est fragile, romantique, discrète, vertueuse, douce...
D'ailleurs, toutes les filles sont de jolis petits objets (sauf la domestique de la classe populaire, of course !)

À côté de ça, on a un méchant et une méchante "Harr-Har-Har-Harrrrr je suis machiavélique HarHarHaaar" et c'est à peu près tout du côté de sa personnalité, donc bref, je n'ai pas aimé les personnages.

Les 3 descriptions physiques des personnages féminins représente une beauté quasi unique, elles m'ont rappelé les représentations féminines lambda dans Cobra par exemple (des clones, et on change juste un peu les mensurations et la couleur des cheveux ^^).

Autant dans Cobra ça ne me gêne pas, mais dans un roman je pardonne moins ce manque d'imagination quand il s'agit de décrire une femme (qui n'a quasiment droit qu'à un seul type de beauté) :
-1er personnage féminin, le plus important : "Elle était aussi belle qu'élégante. Grande et mince, la taille prise dans un corset qui l'obligeait à se tenir droite tout en soulignant de charmantes rondeurs" (ouf, ça aurait été dommage qu'elle n'ait pas un bon p'tit cul et de bons seins ronds hein).
Un peu moins parfaite mais quasi-identique, le 2e personnage féminin :
-"Belle et élancée, la taille souple et bien prise[...]. Elle manquait peut-être un peu de rondeurs" (aie aie aie, toi tu es le 2nd rôle) "selon les canons de l'époque, mais certes pas de charme ni de distinction" ouf. ça aurait été bête d'avoir une femme, héroïne, qui ne soit pas charmante.
Et notre 3e personnage, la méchaaaante :
- "Grande et mince, le port noble, elle avait de la superbe et de l'élégance" mais je vous rassure, comme elle est méchante, elle est d'une beauté qui inspire plus la crainte que l'admiration, ouf.
Grande variété dans les physiques féminins comme vous pouvez le constater....

Malgré tout, ce qui m'a le plus gênée, c'est le vide qui ressort sur toute l'histoire, du fait de sa construction trop artificielle. Tout est au profit de la narration qui, comme sortie tout droit d'un manuel de scénario, est parfaitement rodée mais... c'est tout. L'histoire derrière ne m'a pas touchée ni prise dans son flot, tout me semblait artificiel, aseptisé comme les dialogues menés du tac au tac (ah, c'est bien ces gens qui peuvent ainsi échanger en tombant parfaitement où il faut, ils ne bafouillent jamais, ne cherchent pas leurs mots, ne se trompent pas, ils sont calibrés les uns par rapport aux autres comme par une machine).
Aventure, action, oui on ne s'ennuie pas, mais mon coeur s'ennuie, rien ne le fait vibrer, on ne nourrit que les yeux, on suit tout le monde courir partout, échapper aux méchants et puis... et puis voilà, c'est tout, comme si rien n'avait été raconté. Il n'y a guère que le retournement de situation "en fait, la reine des fées, elle est pas toute blanche non plus" que j'ai aimé. Mais bon, comme ce n'est pas développé, j'ai peur de me retrouver avec une version aseptisée quand ça le sera ("oui vous comprenez, j'ai fait ça pour le bien commun hein bon").

Donc tome 2 ou pas tome 2... pas tome 2 pour l'instant. Pour autant, je pense que ça plaira à plein de monde, un peu comme un bon épisode de série d'aventure (Sidney Fox l'Aventurière, The Shield etc.)
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